Ballet de l’Opéra de Lyon : l’éclectisme de choc

Ballet de l'Opéra de Lyon : un programme de choc

Ballet de l’Opéra de Lyon : un programme choc

Le Ballet de l’Opéra de Lyon, sous la direction artistique de Yorgos Loukos, s’affirme comme la compagnie de répertoire incontournable du moment. Détentrice d’un nombre record de pièces signées par le top de la scène chorégraphique, de Jirí Kylián à Mats Ek, elle possède un talent dont l’éclectisme n’a d’égal que son exigence. Autant dire que les programmes mixtes, composés de différentes pièces courtes, sont un véritable observatoire de l’art chorégraphique qui entrechoquent les styles et les genres. A découvrir absolument.

Au programme de cette nouvelle combinaison, la talentueuse australienne Lucy Guerin et sa Black Box, le flexible et musical israélien Emanuel Gat avec Sunshine, l’expressive portugaise Tânia Carvalho avec la création Xylographie. Et pour conclure, l’explosif et chef-d’œuvre de William Forsythe One Flat Thing, Reproduced, une guérilla chorégraphique au milieu de tables rangées en ligne de bataille.

Dates : Du 20 au 27 février 2015
Lieu Théâtre de la Ville (Paris)

La soirée débute avec la chorégraphe portugaise Tânia Carvalho, venue du monde de la danse et du théâtre, qui ouvre le champ des possibles à partir des corps de ses interprètes. En particulier lorsque ces derniers sont rompus à la technique classique, point de départ d’une exploration pointue et libératrice. Sans aller contre le mouvement, elle joue à le prolonger dans une créativité inspirante. Pour sa première collaboration avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, elle instaure une structure circulaire qui expérimente, à partir d’une figure formelle, toutes les variations de l’improvisation et imprime une réflexion sur une communauté de corps.

Membre du collectif Bomba suicida, la chorégraphe déploie une écriture chorégraphique très précise et expressionniste où l’univers visuel joue un rôle important en puisant largement dans la peinture et dont l’illusion se pare à la virtuosité sans faille de la troupe.

[…] un programme de haut vol […]

Puis c’est au tour d’Emmanuel Gat avec « Sunshine » d’entrer en scène pour une « construction » musicale et chorégraphique sur une bande son à partir d’extraits de Water Music de Haendel.

Douze danseurs déroulent alors une partition intense et fluide où la part d’improvisation alimente sans cesse la trame gestuelle dont elle étire et prolonge le mouvement dans un geste aussi souple que chorégraphique.

Avec Black Box, Lucy Guerin impressionne et nous subjugue dans sa maîtrise inspirée et sophistiquée du mouvement où la vidéo, le son, le texte structurent l’architecture des corps et se joue de l’abstraction dans une osmose parfaite des interprètes.

A l’abri d’une boîte noire descendue des cintres qui délimite un espace en l’ouvrant ou en le refermant, se dévoile ou se dissimule la chorégraphie des danseurs dont les limites spatiales et mentales imposées, les amènent à une variation des corps propice à la composition du mouvement et à sa représentation graphique.

Ballet de l'Opéra de Lyon : un programme de choc

One Flat Thing, Reproduced de William Forsythe, chef-d’œuvre de la danse contemporaine, inscrite depuis 2004 au répertoire du ballet qu’il interprète à l’unisson vient clore la soirée.

Dans une scénographie faite de tables alignées, les  quatorze danseurs surgissent du fond du plateau, les traînant ou les poussant devant eux dans un bruit amétallique. L’espace se retrouve alors saturé, empêchant les corps de se mouvoir librement.

Forstyhe crée ainsi une contrainte qui devient paradoxalement jeu et libération du mouvement où les danseurs explorent toutes les possibilités de l’espace, passent entre les tables, glissent dessus, montent debout, se laissent tomber par terre, roulent au sol ou se faufilent dans les interstices. Parfois, la quête de l’espace devient enjeu de conquête, les danseurs se tirent, se poussent, coopèrent ou au contraire se perturbent mutuellement. L’angle de vue de la chorégraphie dépend alors de l’endroit où nous nous trouvons, les corps apparaissant tantôt en entier, tantôt morcelés et à l’abri des repères de couleur vives émanant des costumes.

Le rythme est comme toujours calibré chez Forsythe où à la géométrie, angles droits imposés par les tables se répondent une gestuelle réglée au millimètre pour une écriture réinventée, hors de nos champs visuels habituels.

Un programme de haut vol pour une troupe à son meilleur.

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Chorégraphie
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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