Ceux qui me restent, une BD de Damien Marie et Laurent Bonneau (Grand Angle)

Ceux qui me restent

Date de sortie : 27 août 2014
Auteurs : Damien Marie (scénario) et Bertrand Marchal (dessin)
Prix : 21,90 € (152 pages)

Ceux qui me restent est un roman graphique bouleversant signé Damien Marie (Dans mes veinesLa Cuisine du Diable, Back to perdition, La Poussière des Anges, Ceci est mon corps…) au scénario et Laurent Bonneau (Metropolitan, Douce pincée de lèvres en ce matin d’été, Rêves syncopés) au dessin. Une plongée dans l’angoisse et la paranoïa d’un homme atteint de l’Alzheimer, enfermé dans les quelques bribes de souvenirs qui lui restent.

Résumé de l’éditeur :

Un voyage en Alzheimer.
Florent a perdu sa femme beaucoup trop jeune.
Il a tenté d’élever seul sa trop petite Lilie, maladroitement ou certainement pas assez. Et Florent et sa fille se sont perdus à leur tour. Elle l’a laissé encore plus seul pendant 20 ans. Aujourd’hui, à 70 ans, il n’a qu’un souhait, il veut la retrouver avant de mourir ; sa Lilie qui vient maintenant le voir presque tous les jours, mais qu’il ne reconnaît plus.
La maladie lui vole la mémoire pour le laisser toujours plus seul. Alors il cherche sans relâche, en vrac, dans les bribes de trop vieux souvenirs… Florent n’abandonnera plus ; un voyage en Alzheimer.

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Damien Marie met cette fois son talent de scénariste au service d’une histoire très originale, loin de son registre habituel qu’est le thriller. Il imagine une véritable immersion dans l’esprit d’un malade qui ne vit que dans ses souvenirs les plus lointains. Ceux de la perte de sa femme lorsqu’il avait la trentaine, alors qu’il avait une petite fille de cinq ans, Lilie. Et ces fantômes du passé vont venir le hanter, l’obséder. Il cherchera à retrouver sa fille qu’il finira par perdre également. Perdue dans le ferry qui les ramenait de l’enterrement de sa femme, à moins que c’était bien plus tard, quand Lilie demanda son émancipation…

[quote_box_left] »Un scénario brillant relayé par un dessin de génie »[/quote_box_left]

L’auteur entretien les flous, les imprécisions, les incohérences pour n’en faire ressortir que les sentiments. Les mots, la construction du récit, son découpage, incarnent à tout instant la maladie comme un filtre pour chaque séquence. Seuls restent les sentiments, qui semblent être fidèles à une certaine vérité (car difficile de parler de réalité). Ce sentiment d’avoir perdu sa fille et cette volonté de vouloir à tout prix la retrouver. Une angoisse qui ne le lachera pas. De quoi faire réfléchir et frissonner en donnant la sensation d’entrer en contact de l’intérieur avec la maladie.

Un scénario brillant relayé par un dessin de génie, réalisé par Laurent Bonneau. Son trait est extrêmement fin mais toute la force et l’originalité de son graphisme découle de sa faculté à traduire ces moments de doutes, de souvenirs qui s’étiolent ou ne parviennent pas à faire surface de manière claire. Il introduit des flous, des brouillards, des vignettes où les traits de fusain prennent le pas sur la netteté de l’encrage. Une vraie valeur ajoutée.

Ceux qui me restent  est ainsi un excellent one shot ; à lire d’urgence.

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