HHhH, un biopic inégal aux fulgurances indéniables

HHhH
HHhH, film de Cédric Jimenez, Copyright Mars Films

HHhH, un biopic inégal aux fulgurances indéniables

Le biopic HHhH (pour Himmlers Hirn heißt Heydrich, le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich) de Cédric Jimenez centré sur Reinhard Heydrich ouvre une lucarne tragique sur un personnage clé de l’Allemagne nazie. Proche d’Himmler et chef de la Gestapo, il fut un élément clé de la politique de répression et d’extermination pendant la seconde guerre mondiale. Si le nom parlera à beaucoup, le parcours de cet individu peu recommandable reste moins connu. Cet aspect du film didactique séduit par le parti pris presque métaphorique des images, introduisant de la poésie comme élément de distanciation avec la sinistre réalité orchestrée par l’implacable haut dignitaire nazi. Mais quand la tentative d’assassinat prend toute la place, le film devient ressemblant à tant d’autres opus centrés sur cette période trouble de l’histoire, perdant de sa singularité pour devenir trivialement conventionnel. Dommage.

Une mise en abime de l’Allemagne nazie 

Le réalisateur Cédric Jimenez ouvre son film sur une scène représentative du meilleur de HHhH. Le commandant de la Bohême-Moravie prend place dans un véhicule décapotable et se dirige sans le savoir jusqu’à son assassinat. Le rythme est lent, presque onirique, l’ombre de la mort rode sur son parcours. La meilleure partie du film part sur les chapeaux de roue, avec une profondeur formelle éblouissante. Tandis que l’image se fige sur un homme porteur d’une mitraillette, il est temps d’en savoir plus sur l’ascension de Reinhard Heydrich (puissant Jason Clarke). La première partie du film met en parallèle l’avènement du nazisme dans l’Allemagne de l’après première guerre mondiale et la réussite de l’ex-officier naval destitué et voué aux gémonies à cause d’une sombre histoire de moeurs. A ses côtés, il y a une femme, cette Lina (Rosamund Pike) désireuse de voir son mari s’accomplir et réaliser son destin. Le rythme est trépidant et les images somptueuses. On oublierait presque que le film parle de nazisme. Jusqu’aux premières images d’exactions et d’épurement ethnique. La poésie se change en réalisme presque insoutenable difficile de rester de marbre devant le personnage chef d’orchestre d’une politique minutieuse d’extermination.

Un parti pris critiquable

Et soudain, environ à la moitié du film, Heydrich se fait assassiner et le film se concentre sur les auteurs de cet acte avec une éblouissante galerie de seconds rôles de renoms. Jack O’Connell, Mia Wasikowska et Gilles Lellouche animent cette faction secrète de la résistance tchécoslovaque pour une action sans précédant pendant la seconde guerre mondiale. Aucun autre hérault du nazisme n’a été supprimé de la sorte, avec des représailles impitoyables à la clé. Le rythme du film devient semblable à tous ces films de résistance et de lutte secrète. Paroles chuchotées, sentiment de l’inéluctable, impression d’être rentré dans l’histoire, mais aussi explosions, échanges de tirs et bravoure de rigueur. C’est forcément moins intéressant et le vénéneux Heydrich passe du coup au second plan.  Le film chirurgical devient un hommage à une résistance qui a payé le prix fort pour son coup d’éclat. L’intention est évidemment louable mais cinématographiquement plus inconstante.

Il reste au final de ce HHhH de vrais moments de grâce et le sentiment d’avoir côtoyé un personnage certes ignoble mais néanmoins fascinant. Comme si la duplicité de l’être humain devenait beaucoup plus palpable. Le montre nazi n’était qu’un homme, après tout.

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HHhH
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L’ascension fulgurante de Reinhard Heydrich, militaire déchu, entraîné vers l’idéologie nazie par sa femme Lina. Bras droit d’Himmler et chef de la Gestapo, Heydrich devient l’un des hommes les plus dangereux du régime. Hitler le nomme à Prague pour prendre le commandement de la Bohême-Moravie et lui confie le soin d’imaginer un plan d’extermination définitif. Il est l’architecte de la Solution Finale.

Face à lui, deux jeunes soldats, Jan Kubis et Jozef Gabcik. L’un est tchèque, l’autre slovaque. Tous deux se sont engagés aux côtés de la Résistance, pour libérer leur pays de l’occupation allemande. Ils ont suivi un entraînement à Londres et se sont portés volontaires pour accomplir l’une des missions secrètes les plus importantes, et l’une des plus risquées aussi : éliminer Heydrich.

Au cours de l’infiltration, Jan rencontre Anna Novak, tentant d’endiguer les sentiments qui montent en lui. Car les résistants le savent tous : leur cause passe avant leur vie. Le 27 mai 1942, les destins d’Heydrich, Jan et Jozef basculent, renversant le cours de l’Histoire.

Sortie : le 7 juin 2017
Durée : 2h00
Réalisateur : Cédric Jimenez
Avec : Jason Clarke, Rosamund Pike, Jack O’Connell
Genre : Historique, Action, Thriller

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NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Réalisation
Jeu des acteurs
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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