La Locandiera, une pièce de Carlo Goldoni, mise en scène par Marc Paquien, à Paris

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Théâtre de l’Atelier jusqu’au 24 janvier 2014



Après avoir mis en scène Catherine Frot dans Oh les beaux de Samuel Beckett, Marc Paquien revient à un grand rôle féminin en confiant à Dominique Blanc (parfaite) le personnage de Mirandolina, une aubergiste libre et indépendante avant l’heure imaginée par Goldoni. Une femme stratège aussi qui, en se jouant de l’amour et de ses inclinaisons, finira par être victime des sentiments avec lesquels elle aura imprudemment joué. Cette « locandiera » tient une pension à Florence. Sa grâce piquante et son esprit vif gagnent tous les cœurs masculins.

Maîtresse du lieu et de sa cour, elle règne sur tout son petit monde. Et avec une grande assurance, elle garde la tête froide en toute situation, aimant plaire autant que préserver sa liberté.

Des trois étrangers qu’elle loge, deux sont transis. Le troisième revendique son hostilité face à la gente féminine et à leurs charmes. Il la traite alors avec mépris et se moque des deux prétendants. Offensée, Mirandolina met toute son ingéniosité au service de son amour propre, pour démontrer au goujat sa suffisance et sa faiblesse.
Décidée à le séduire elle s’exposera au jeu de la séduction : qui séduit risque d’être séduit, qui désire provoque le désir…

[quote_center]une comédie fine qui se joue de l’amour et du pouvoir.[/quote_center]

La mise en scène classique et précise de Marc Paquien est au plus près du jeu des comédiens et du texte dont elle restitue l’atmosphère, les enjeux amoureux et sociaux où chacun des personnages en jouant de sa condition, permet à l’auteur de dénoncer l’hypocrisie sociale.  Et la tonalité comique du chef d’oeuvre de Goldini laisse aussi percevoir la part d’ombre existentielle des personnages en y dévoilant leur faille et leur faiblesse ainsi que l’éternel drame de l’acte manqué.

Dans une scénographie réduite à l’essentiel, quelques meubles déplacés par les acteurs eux-mêmes transformant la salle commune en chambre, les actions se succèdent sur fond de transgression inaccomplie et de désillusion d’êtres en mal d’amour.

Figure de femme libre et irréductible, Dominique Blanc incarne à merveille l’ambivalence du personnage de Mirandolina tandis qu’André Marcon excelle en Chevalier puissant et ténébreux. Un duo de choc pour une comédie fine qui se joue de l’amour et du pouvoir.

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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