La Maison dans laquelle, roman ensorcelant de Mariam Petrosyan (Monsieur Toussaint Louverture Editions)

La Maison dans laquelle
Mariam Petrosyan, auteur de La Maison dans laquelle

La Maison dans laquelle, roman ensorcelant de Mariam Petrosyan (Monsieur Toussaint Louverture Editions)

Ne pas frapper, ne pas entrer – Roman protéiforme et vertigineux, La Maison dans laquelle de Mariam Petrosyan nous entraîne dans un univers envoutant qui mêle habilement récit fantastique et roman d’apprentissage. Bienvenue dans une Maison-monde ensorcelante aux frontières infinies, mais aux règles sévères.

Dix ans : c’est le temps qu’il aura fallu à Mariam Petrosyan, jeune écrivaine arménienne, pour concevoir et mettre en forme La Maison dans laquelle. Soir après soir, elle tisse la trame de son roman et repousse un peu plus les murs de cette monstrueuse maison.

Fumeur, l’Aveugle, Noiraud et Sauterelle sont les étranges petits locataires d’un pensionnat pour handicapés, perdu quelque part dans la campagne. Regroupés en clans aux noms d’animaux (« Les rats », « Les Oiseaux » ou encore « Les Faisans »), ces enfants éclopés se livrent une bataille sans merci, faisant de la Maison un territoire hostile et dangereux. Dans cet univers qui emprunte autant à Sa Majesté des mouches qu’à Alice au pays des merveilles, les maisons ne sont pas seulement des lieux qui nous abritent, mais des entités que nous portons en nous.

Véritable personnage principal de ce roman polyphonique, la Maison étend son magnétisme à ceux qu’elle garde en son sein : « Plus tard, il remarqua que la Maison était vivante et qu’elle était capable d’aimer, elle aussi. D’un amour unique en son genre : inquiétant parfois, jamais terrifiant (p.56). »

[Une g]randiose œuvre ouverte qui ne s’épuise pas au grès des relectures (…)

La réussite majeure de ce roman hors norme réside dans l’univers qu’il nous donne à voir et où l’on s’immerge, page après page. On apprend peu à peu les règles drastiques des résidants de ce drôle de monde, pour qui l’Extérieur est autant une source de crainte que de fascination (« Ils avaient décidé que la Maison était la Maison, et que l’Extérieur n’était pas l’espace au sein duquel elle se trouvait, mais quelque chose de tout autre. » p.307). Ce nid aux bras tentaculaires devient alors une métaphore du cocon de l’enfance que l’on peine à quitter tant il nous retient entre ses murs moelleux. Comment mieux parler des adolescents qu’en donnant corps à leur imaginaire, en exprimant par la fiction la complexité des questionnements qui les travaillent ? Les enfants de la Maison ne cessent de se raconter des fables, des histoires qui deviennent des allégories de leurs propres trajectoires.

Si le livre de Petrosyan pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses, c’est bien parce qu’il invite le lecteur à se l’approprier. Sans jamais basculer dans le merveilleux outrancier, le roman égrène ça et là les indices d’un monde différent du notre. À travers un style épuré et une structure éclatée (les différentes époques se succèdent, parfois sans ordre chronologique), l’écrivaine donne un aperçu d’un monde qui semble excéder ses murs de papier : « Pour Sauterelle, la Maison était comme une ruche géante. Dans chaque alvéole, il y avait une chambre ; dans chaque chambre, un monde. » p.135).

Grandiose œuvre ouverte qui ne s’épuise pas au grès des relectures, La Maison dans laquelle devient le parfait reflet de cette Maison expressive : une construction étrange et labyrinthique, un univers baroque teinté d’onirisme dans lequel on prend plaisir à se perdre. Car explorer les entrailles de la Maison, c’est accepter d’y avancer à tâtons sans carte ni boussole, mais en tenant la main de compagnons d’infortune avec qui on ne s’est jamais senti aussi proche et que l’on aura bien du mal à quitter.

[vc_text_separator title= »RESUME DE L’EDITEUR ET INFOS » color= »custom » border_width= »5″ accent_color= »#1e73be »]

La Maison dans laquelleDans la Maison, vous allez perdre vos repères, votre nom et votre vie d’avant. Dans la Maison, vous vous ferez des amis, vous vous ferez des ennemis. Dans la Maison, vous mènerez des combats, vous perdrez des guerres. Dans la Maison, vous connaîtrez l’amour, vous connaîtrez la peur, vous découvrirez des endroits dont vous ne soupçonniez pas l’existence, et même quand vous serez seul, ça ne sera jamais vraiment le cas. Dans la Maison, aucun mur ne peut vous arrêter, le temps ne s’écoule pas toujours comme il le devrait, et la Loi y est impitoyable. Dans la Maison, vous atteindrez vos dix-huit ans transformé à jamais et effrayé à l’idée de devoir la quitter.

Ensorcelante évocation de l’adolescence, La Maison dans laquelle est un chant d’amour à cet âge ingrat et bienheureux, à ses exaltations et ses tragédies, au sentiment de frustration et de toute-puissance qui le traverse. Mariam Petrosyan a réussi à créer un univers bariolé, vivant et réaliste, pétri de cette nostalgie et de cet émerveillement que nous avons tous au fond de nous et qui fait que, parfois, nous refusons de grandir et d’affronter la brutalité du monde qu’on appelle la réalité.

Date de parution : le 18 février 2016
Auteur : Mariam Petrosyan
Editeur : Monsieur Toussaint Louverture Editions
Prix : 24,50 €
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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Qualité de l'écriture
Plaisir de lecture
Alban Couteau
Étudiant en littérature et esthétique de l’image, Alban est rédacteur freelance. Féru de cinéma fantastique et de littérature américaine, Alban mène ses travaux de recherches en parallèle avec ses blogs de cinéma.
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