La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, mise en scène par Lilo Baur, à Paris

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© Brigitte Enguérand

Comédie-Française du 23 mai au 25 juillet 2015

La Maison de Bernarda Alba est un drame en trois actes de Federico García Lorca écrit en 1936 et publié à titre posthume en 1945, neuf ans après l’exécution du poète espagnol à l’âge de 38 ans par le régime franquiste.

[pull_quote_center]Si la pièce a quelque peu vieilli avec son fatalisme réducteur et sa vision sociale schématique, la mise en scène de Lilo Baur aurait mérité une approche distanciée et un éclairage plus contemporain afin d’en confronter le contexte réactualisé à notre actualité.[/pull_quote_center]

La mort, l’enfermement, la frustration, la répression du désir, si présents dans La Maison de Bernarda Alba, sont des thèmes qui jalonnent toute l’œuvre de l’auteur.

Elle s’inscrit dans une Espagne bafouée par l’injustice, les préjugés ou la morale religieuse au seuil de la guerre civile.

A la mort du père, sa veuve, une marâtre autoritaire et fanatique, impose à ses cinq filles célibataires, âgées de 20 à 39 ans, un deuil de huit années.

 [pull_quote_right]Cécile Brune dans le rôle de la mère est exceptionnelle où elle incarne avec une fureur sourde et impérieuse ce personnage austère, monstrueux, à la fois bourreau et victime, prisonnière d’une éducation et d’une condition de soumission.[/pull_quote_right]

Une tyrannie mortifère qui va fomenter au sein du clan un sentiment de rébellion portant en germe des jalousies et des pulsions irrépressibles.

La cadette, Adela, habitée par une soif de vivre ne va pas hésiter à braver l’interdit en se jetant corps et âmes dans les bras du fiancé de l’une de ses sœurs, défiant l’autorité maternelle jusqu’au péril de sa vie.

Pièce de résistance donc, où à partir d’un huis-clos exclusivement féminin se condense toute l’oppression d’une époque phagocytée par des traditions et des croyances archaïques, que la maisonnée/prison symbolise comme une métaphore vivante, inscrite dans les esprits et dans les corps aux prises avec le besoin vital, instinctif, d’en découdre.

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La scénographie d’Andrew D. Edwards et son imposante paroi (façade forteresse) ajourée comme une dentelle, offre des instantanés très cinématographiques avec le passage derrière la grille dans un mouvement chorégraphique saisissant du cortège funéraire rentrant des obsèques où l’image suspendue des filles scrutant l’horizon.

Si la pièce a quelque peu vieilli avec son fatalisme réducteur et sa vision sociale schématique, la mise en scène de Lilo Baur aurait mérité une approche distanciée et un éclairage plus contemporain afin d’en confronter le contexte réactualisé à notre actualité.

Cécile Brune dans le rôle de la mère est exceptionnelle où elle incarne avec une fureur sourde et impérieuse ce personnage austère, monstrueux, à la fois bourreau et victime, prisonnière d’une éducation et d’une condition de soumission.

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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