Les Rencontres d’Après Minuit, un film de Yann Gonzalez

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Sortie : 13 novembre 2013

Durée : 1h32

Avec : Kate Moran, Niels Schneider, Nicolas Maury

 

Il y a des films que l’on a envie d’aimer, comme ça sans les avoir vu, comme un coup de foudre programmé. Pour le propos, le casting, l’audace… Les Rencontres d’après minuit est de ceux là.

Synopsis :

[pull_quote_center][/pull_quote_center]Au cœur de la nuit, un jeune couple et leur gouvernante travestie préparent une orgie. Sont attendus La Chienne, La Star, L’Etalon et L’Adolescent.

Pour ces raisons évoqués et plus encore, le premier long-métrage de Yann Gonzalez déteint dans le paysage cinématographique français. Sous ce beau titre sombre et rohmérien ce cache un pur et bel objet plastique, une œuvre lyrique bouleversante.

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La clef de ces Rencontres d’après Minuit, c’est le personnage d’Ali (Kate Moran), préparant l’orgie, qui la donne au début du film à son compagnon (Niels Schneider) : « il faut suivre les indices de ses rêves (…) surtout lorsqu’ils sont terrifiants »

Indices après indices, le film déploie un langage à décrypter comme l’est celui des rêves en psychanalyse.

A l’arrivée de chacun des personnages, des caractères se dessinent symbolisés par leurs noms : La Chienne (Julie Brémond) est la nympho, la Star (Fabienne Babe) la femme d’âge mur angoissée, l’Etalon (Eric Cantona) l’homme bien membré, l’Adolescent (Alain Fabien-Delon) le frêle garçon … donc des styles, des typologies qui s’étiolent peu à peu à la faveur des discussions. Chacun s’ouvre, se raconte : c’est l’extase du verbe et de l’image (magnifique scène où chacun, les yeux fermés, se retrouvent dans un rêve commun). Oui, au fil de la nuit, tous se rendent disponibles et éclosent comme des fleurs nocturnes.

Cette orgie n’est qu’un prétexte à un échange qui va au-delà du sexuel, on le comprend vite. La « rencontre » du titre n’est pas tellement celle des corps mais bien celle d’un rêve, d’un fantasme à un autre. Beauté du film que de privilégier la transe de l’âme!

Une véritable vampirisation s’opère, pour les personnages, puis pour le spectateur. Ce film nous hypnotise, visuellement par ces jeux de lumière renforçant la dialectique du jour et de la nuit, par ces plans savamment composés et ces lentes focalisations sur les visages. Il nous attire aussi par le son, ces superbes compositions de M83 que jouent un juke-box sensoriel.

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Le film ne souffre pas de son artifice évident, bien au contraire tout est ici question de croyance. « Peu importe que ce soit vrai ou non, c’est leur histoire » dit Udo avec justesse (Nicolas Maury, drôle et grave en gouvernante transgenre). Croyance en l’autre, en ses rêves, en l’amour … donc en la poésie .

Le spectateur aguerri reconnaîtra les références qui affluent, dans un détail (ainsi le cache-oeil de Matthias, chevalier céleste qui rappelle Albator) ou dans une atmosphère (mêlant onirisme et horrifique, comme chez Dario Argento). Ce défaut du  »trop » s’oublie vite. Les Rencontres d’après Minuit nous dit : laissez-vous pénétrer par le tout, épousez l’univers de cette orgie cosmique, planez quitte à mourir.

Tout pousse à exclure cette étrange famille du monde extérieur, qui viendra pourtant les rattraper à l’occasion de la sortie finale, celle qui voit le soleil se lever et les masques tombés. Le film flirte avec les ultimes transgressions (inceste, résurrection …) à des fins poétiques. Ce qui aurait pu être cru, sordide (par exemple l’exhibition d’un sexe démesuré) ne l’est jamais, tant la sensibilité est partout palpable.

Les Rencontres d’Après Minuit est une fable sur le désir, sur sa frustration, ou son accomplissement fantasmatique. C’est là la force des grands poètes, Apollinaire, Aragon, … que de conjuguer lyrisme et crudité, érotisme et fantastique. Yann Gonzalez s’inscrit dans leur lignée.

 

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