Les Trois sœurs du Yunnan, un film de Wang Bing.

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Sortie le : 16 avril 2014

Durée : 2h33

Ce film a été tourné au Yunnan, une province au sud-ouest de la Chine, dans un petit village perché en altitude. Le réalisateur, chinois, Wang Bing, filme, au quotidien, une petite fille de 10 ans, Yingying, qui s’occupe de ses deux petites sœurs de 6 et 4 ans. Le père travaille à la ville, et n’est que très rarement là.

Synopsis :

Trois jeunes soeurs vivent dans les montagnes de la Province du Yunnan, une région rurale et isolée, loin du développement des villes. Alors que leur père est parti en ville pour chercher du travail, Ying, 10 ans, s’occupe seule de ses soeurs Zhen, 6 ans, et Fen, 4 ans. La caméra de Wang Bing observe et accompagne durant plusieurs mois leur vie quotidienne.

 

 

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C’est un documentaire, sans musique, sans scénario. Rien que le quotidien de cette petite fille qui n’arrête pas une seconde pour s’occuper de tout : de la maison, de ses sœurs, du feu, des moutons, des chèvres, des cochons… De ramasser des patates, du crottin, des pommes de pins… De faire cuire des patates, du riz, de nourrir ses sœurs, de les élever… Et éventuellement de se laver… On imagine qu’il fait très très froid, mais on n’apprend qu’à la fin du documentaire que cela se passe dans un village de 80 familles à 3 200m d’altitude ! On ne voit guère les habitants du village, si ce n’est la tante et les cousins de Yingying. Donc, on imagine les conditions de vie non seulement très difficiles matériellement mais aussi quasi insupportables au niveau physique.

Les deux petites dernières partent à la ville avec leur père. Et Yingying reste seule, complètement seule. Extrême solitude où elle continue à tout assumer toute seule, sans l’aide de quiconque… Avec courage et détermination. Quelle leçon de vie !

Les paysages sont sublimes : on les découvre, caméra à l’épaule, à toutes les saisons : l’automne sous le brouillard, l’hiver avec la neige, et l’été sous le soleil, enfin du soleil !

La vie est rude, très rude, on a du mal à imaginer que des gens vivent ainsi dans la misère la plus totale, le plus grand dénuement, sans aucune hygiène, sur la même planète que nous. Mais le film n’est pas triste. Bien sûr, on voit cette misère, mais discrètement, comme si c’était naturel.

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On ne peut qu’être profondément touché par ce film. Une très grande émotion nous envahit tout au long du film. Et ne nous quitte plus. On est comme happé par Yingying, avec beaucoup d’admiration.

Ils n’ont rien, ou presque rien, mais ils n’ont pas l’air malheureux. Même perdus au bout du Monde, quelques uns ont un téléphone portable, et qui fonctionne ! Et la télévision trône au milieu de tous, dans certains foyers. Et les regards sont rivés sur cette boite qui sort des images comme par miracle ! Et ils se retrouvent tous, dans 10m2, à 50, à déguster un repas de fête ! Tous ont l’air heureux.

Vraiment un très beau film à découvrir et qui laissera son empreinte en nous, assurément durant longtemps.

Bénédicte de Loriol
En fonction depuis 2010, Bénédicte est notre directrice déléguée. Elle partage son expertise en de nombreux domaines. Elle dévore les livres comme d'autres dévorent le chocolat. Responsable des rubriques Littérature et Cinéma, elle gère aussi les opérations concours réalisées avec nos partenaires. Elle est notamment membre de l'Union des Journalistes de Cinéma (UJC).

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