Maps to the Stars, un film de David Cronenberg

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Sortie le : 21 mai 2014

Durée : 1h51

Avec : Julianne Moore, Mia Wasikowska, John Cusack, Olivia Williams

Synopsis :

A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide  à se réaliser en tant que femme et actrice. La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité. Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.

 Cosmopolis en 2012 avait laissé les fans de David Cronenberg assez dubitatifs. Trop bavard, avec pour héros « Cronenbergien » un Robert Pattinson aussi lisse que peu pénétré par son personnage. Le film dégageait au final un ennui plutôt mortel malgré une réalisation toujours aussi soignée. Pour son nouveau film Maps to the Stars écrit par le scénariste Bruce Wagner (Wild Palms, Freddy 3), le cinéaste d’origine canadienne fait le choix de réengager Robert Pattinson mais dans un rôle plus « modeste » et plus en adéquation avec son apparence du dandy ténébreux révélé par son rôle de vampire amoureux dans Twilight (2008). Ici Pattinson incarne un chauffeur de stars qui se rêve scénariste à Hollywood, mais en attendant de toucher du doigt le Saint Graal du rêve américain, le jeune homme se voit contraint de conduire les célébrités. Mais ce que David Cronenberg nous propose ici n’est pas un paradis mais au contraire une vision cauchemardesque de Hollywood, un enfer luxueux peuplé de névrosés, de drogués et de psychopathes. Le film s’attache à suivre les membres d’une même famille et de ceux qui gravitent autour avec à la clef une intrigue mêlant le trauma à un désir de revanche désespéré dont l’issue et le but seront d’atteindre un firmament bien loin d’être celui que le titre laisse deviner.

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Au casting on retrouve la comédienne Julianne Moore qui livre une performance extraordinaire en actrice mûre vivant dans l’obsession et l’unique but d’obtenir un rôle qui n’est pas pour elle. Maps to the Stars est aussi un film rempli de fantômes qui viennent hanter et tourmenter les vivants qui ressemblent aux personnages désincarnés des romans de Bret Easton Ellis ou Chuck Palahniuk évoluant dans un monde factice fait d’illusions et de faux-semblants (pour reprendre le titre de l’un des meilleurs films du cinéaste). Très onirique également, le film vient prouver que le cinéaste n’a pas tiré ses dernières cartouches et semble vouloir ouvrir de nouvelles dimensions passionnantes à une œuvre qui a débuté par le genre fantastique avec La mouche (1986) ou Le festin nu (1991).

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Concernant le reste du casting, entre les acteurs confirmés (John Cusack, Olivia Williams) et les révélations (Mia Wasikowska, Evan Bird), le nouveau film de David Cronenberg distille un charme vénéneux en montrant, comme il a su le faire par le passé dans son cinéma, la noirceur de l’âme humaine la plus profonde. On retrouve l’aspect sulfureux de Crash (1996) et la même force des dialogues et des situations, dont n’est pas exclu un humour assez noir, dans certaines scènes. Au final Maps of the Stars apparaît comme une œuvre étincelante de noirceur dont l’éclat continu de briller bien après la projection.

 

Thierry Carteret
Cinéphile passionné, Thierry est chroniqueur cinéma et DVD depuis 2006 en ayant collaboré auparavant pour des webzines comme Kinok ou La revue du cinéma. En parallèle de son activité de chroniqueur, il exerce également les fonctions de scénariste et storyboarder sur des projets de courts, longs métrages et séries de fiction.

2 Commentaires

  1. Très bonne critique Thierry dont je partage pleinement l’analyse. Un très grand film soutenu par un fil narratif aussi imprévisible qu’inventif et où le cynisme, l’avidité, le narcissisme, la névrose des protagonistes peuvent se déployer à merveille. Un regard acide et sans concession sur notre époque servi par un casting sans faute emmené par la géniale Julianne Moore.

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