Une croisière blues, emmenée par le charismatique André Dussollier

Théâtre de la Porte Saint-Martin du 19 janvier au 03 mars 2019

André Dussollier, interprète fétiche d’Alain Resnais, revient avec ce spectacle qui lui valu en 2015 le Molière du meilleur comédien, pour nous raconter le destin de Novecento, un pianiste virtuose qui passa sa vie sur un transatlantique sans jamais vouloir mettre un pied à terre. Où comment un homme abandonné à la naissance au fond d’un navire, devenu musicien, restitue la beauté du monde par sa musique et son inspiration dont il défend, à l’abri d’une intériorité extrême, l’intrigante liberté.

En 1900, sur un paquebot reliant le vieux continent européen à New York, un bébé est abandonné sur le piano de la salle de bal désertée. Un marin décide de l’adopter et le nomme Danny Boodman TD Lemon Novecento. L’enfant grandit sur le bateau et après la mort de son père adoptif, il se met au piano.

Novecento se révèle rapidement un musicien d’exception où sa musique ne ressemble à aucune autre et envoute ceux qui l’entendent.

Sa réputation dépasse le cadre du navire et les plus grands jazzmen lui rendent visite. Ils n’auraient pas pu l’entendre ailleurs car Novecento n’abandonne jamais le paquebot. Toute sa vie se déroule entre l’Europe et New York où le bruissement du monde lui provient des voyageurs et d’images surgies de conversations entendues.

Charismatique et généreux, l’acteur aux 3 césars nous embarque avec brio […]

C’est sous les doigts magiques de l’autodidacte et leur inépuisable source de création, coupé du reste du monde, que la vie et ses sensations se déploient…

Charismatique et généreux, l’acteur aux 3 césars nous embarque avec brio dans cette traversée émouvante, à la fois en mer et en soi, adaptée du texte de l’italien Alessandro Barrico par Gérald Sibleyras avec la collaboration de Stéphane De Groodt.

Le comédien très aérien et léger, donne corps aux différents personnages de l’odyssée sur un ton enjoué et parfaitement caractérisé où chaque intonation nous transporte, avec l’incarnation notamment très drôle et réussie de l’animateur de grande soirée ainsi que celle très enlevée du narrateur, Tim Tooney, trompettiste du jazz band et meilleur ami de Novecento.

La musique, en parfaite autonomie, participe pleinement au conte poétique et métaphorique sur la condition de l’artiste et son impérieuse liberté intérieure, ainsi que les éléments du décor assortis de projections d’images en fond de toile de scène qui reconstituent l’univers grandiose de la traversée et celui de l’Amérique des années 30.

Le récit du narrateur inspirant les chorus et improvisations jazz et classiques des quatre musiciens multi-instrumentistes qui jouent en live dont l’excellent pianiste Elio Di Tanna.

Une croisière singulière qui navigue au plus près de l’âme humaine et de sa vérité première.

Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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