Obvious Child, un film de Gillian Robespierre

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Sortie le : 3 septembre 2014

Durée : 1h23

Avec : Jenny Slate, Jake Lacy, Gaby Hoffmann, Richard King, Polly Draper

Avec Obvious Child, la réalisatrice Gillian Robespierre réalise son premier long métrage. Fan de comédie romantique, elle choisit naturellement de s’intéresser à ce genre tout en y incluant un ton très personnel qui fait tout le charme de ce film, quelque part entre la comédie de Woody Allen – le film a aussi New-York pour décor – et le cinéma indépendant américain.

Synopsis :

 La vie de la jeune Donna Stern n’a rien de particulier : un petit ami, un job dans une librairie, sa bande de potes, des parents divorcés… Mais, chaque soir, sur une scène de Brooklyn où elle interprète son numéro de stand-up, ce quotidien banal devient une source inépuisable de sketches. Avec un humour ravageur et souvent cru, Donna y déballe sa vie intime, ne prend rien au sérieux, se moque de tout et surtout d’elle-même. Mais, coup sur coup, Donna perd son travail, se fait larguer par son petit ami, déprime, a une aventure alcoolisée d’un soir et… tombe enceinte. Dès lors, Donna va devoir assumer ses choix et grandir un peu, mais peut-être aussi rencontrer l’amour au moment où elle s’y attend le moins.

 

Au départ le film était un court métrage coécrit et coréalisé avec Anna Bean et Karen Maine en 2009. Victime de son succès sur les plateformes de diffusion internet avec près de 40 000 visionnages, c’est naturellement que la réalisatrice a pris la décision d’en faire une version longue, aussi pour laisser s’épanouir plus à l’écran la psychologie complexe de son personnage principal incarné par Jenny Slate.

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Bien que déjà illustre comme humoriste par ses sketchs dans le Saturday Night Live et par le court métrage qui portait déjà le titre de Obvious Child, Jenny Slate est la révélation du film et est pour beaucoup dans sa réussite. C’est après avoir vu l’un de ses spectacles de stand-up, que la réalisatrice l’a choisi pour incarner Donna Stern, jeune femme en pleine crise de post-adolescence alors que la trentaine approche et qui va devoir faire des choix, comme celui de décider d’avorter ou pas, et qui l’a rendra enfin adulte. Comme Jenny Slate, Donna fait des spectacles en racontant ses déboires sur scène, ces séquences de stand-up, à la manière du génial Lenny (1974) de Bob Fosse, occupent les trois quarts d’un métrage à la durée relativement courte et n’existaient pas dans le court métrage. Même si le sujet de l’avortement est très présent, Gillian Robespierre se défend d’avoir fait un film militant – Obvious Child a cependant été très bien accueilli par les ligues féministes – et ce qui l’intéresse surtout ici, c’est de parler des choix que l’on doit faire dans la vie et qui font de nous les êtres humains que nous sommes avec nos défauts et nos qualités. La réalisatrice n’a pas non plus oublié de traiter les seconds rôles et Donna partage son temps entre une mère aimante et plutôt coincée (Polly Draper) un père un peu excentrique (Richard King), son meilleur pote Joey (Gabe Liedman) et sa meilleure amie Nellie (Gaby Hoffmann) qui sont pour elle de précieux soutiens, contribuant à la richesse de l’ensemble.

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Qui dit comédie romantique, dit histoire d’amour et avec l’intervention de Max (Jack Lacy) le film prend une tournure plus profonde et dramatique. Le comédien remarqué par son rôle de Pete dans l’ultime saison de la série The Office, apporte la justesse du jeune amoureux à la fois maladroit et plein de bienveillance qui convient à son personnage. Ce couple paraît d’abord n’avoir rien en commun, elle est une boule d’énergie et s’exprime avec un langage très cru, voir par moment franchement scatologique et très loin du politiquement correct, alors que lui est posé et en apparence un peu « vieux jeu » et coincé. C’est cette rencontre de deux êtres qui n’ont en apparence pas grand-chose à faire l’un avec l’autre qui va donner paradoxalement le ton tantôt comique ou dramatique au film. Presque toute l’originalité de Obvious Child se situe dans les dialogues ou les monologues de l’héroïne par lesquels elle exprime sa vision toute personnelle du monde. Certains dialogues sont à ce titre désopilants alors que d’autres sont beaucoup plus dans l’émotion, et le film a parfois du mal à trouver le ton et l’équilibre juste entre la comédie et le drame et parait parfois bancal, cela est sans doute dû au fait que Jenny Slate a essentiellement travaillé sur la partie stand-up de son personnage. Cela n’empêche pas Obvious Child d’être une excellente surprise et l’une des meilleures comédies romantiques us de 2014, et dans laquelle il est fort à parier que Jenny Slate se dessine un très bel avenir au cinéma.

 

Thierry Carteret
Cinéphile passionné, Thierry est chroniqueur cinéma et DVD depuis 2006 en ayant collaboré auparavant pour des webzines comme Kinok ou La revue du cinéma. En parallèle de son activité de chroniqueur, il exerce également les fonctions de scénariste et storyboarder sur des projets de courts, longs métrages et séries de fiction.

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