Poesia sin fin d’Alejandro Jodorowsky, un OVNI sublime et révolté

Poesia sin fin Alejandro Jodorowsky
Poesia sin fin copyright Droits réservés

Poesia sin fin d’Alejandro Jodorowsky, un OVNI sublime et révolté

Ce film a une histoire en plus d’un scénario. Digne suite de La Danza de la realidad sorti en 2013, Poesia sin fin est une œuvre autobiographique qui revient sur les années de jeunesse mouvementées du réalisateur, Alejandro Jodorowsky. La Danza de la realidad fut un fiasco économique dans lequel il a perdu l’intégralité des 2.7 millions d’euros que des bienfaiteurs lui avaient donnés. Pour pouvoir mettre en boite la suite, les fonds manquaient, alors, il a fait du crowdfunding (financement d’un projet par un grand nombre de particuliers via internet). La réputation artistique de Jodorowsky n’a pas laissé de marbre : sept mille fans ont fait un don pour voir naître ce film. Sortie en salle le 5  octobre 2016.

La poésie est un acte

Dans les années 1940/1950, le jeune Alejandro vit dans un quartier malfamé de Santiago avec sa famille. Il rêve de poésie quand son père veut faire de lui un médecin. L’appel des mots est plus fort que les liens du sang, il se révolte et fugue à jamais. Ici, commence sa vie bohème de poète. Introduit dans le milieu artistique de son temps, il développe son art, vit pleinement et rencontre de grands talents. Enrique Lihn, Stella Diaz, Nicanor Parra, ces figures littéraires seront ses amis, ses amantes, ses maîtres. Sans limites, sans contraintes et sans argent, il va s’abandonner à vivre.

Ce film est un OVNI cinématographique comme toutes les œuvres du réalisateur. C’est un poème bukowskien avec des traits baudelairiens. Exaltant, cru, absurde, tellement poétique. La vie dans Poesia sin fin est un théâtre fantastique, chaque séquence est inattendue, impossible de s’agripper au fil de l’histoire. On est paumé, mais sans tout comprendre, on sait que c’est beau. Comme un poème.

Pour autant, âmes sensibles s’abstenir. Un homme saigné dont les tripes s’échappent, des nains, des estropiés, des misérables, des nus… Alejandro Jodorowsky n’a de limites que son imagination et son imagination est sans limites. Nous sommes entrainés dans un tourbillon de sensations qui nous fait tanguer tant nous sommes peu habitués à l’imagination fantastique prolixe et débridée du réalisateur.

Poesia sin fin Alejandro Jodorowsky
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Briser les codes

Son cinéma […] est comme un rêve psychédélique

L’infraction presque systématique des codes cinématographiques redouble notre perte de repère. Les canons de beauté hollywoodiens sont moqués, Alejandro Jodorowsky ne considérant pas qu’une femme belle doive être un mannequin. Ici, naines et grassouillettes tiennent le haut de l’affiche. Aucune pudeur non plus, les corps sont exhibés, l’acte sexuel assumé. Et l’exigence de vérité, de filmer au plus proche de la réalité n’existe pas. Son cinéma qu’il qualifie de « psycho-magique » est comme un rêve psychédélique. Parfois, c’est trop, on perd pied, on ne le suit plus dans sa folie, on est presque dégouté par son manque de pudeur. Tout est montré, le beau, le laid. Mais sommes-nous prêts à tout voir ?

Alejandro Jodorowsky ne se pose probablement pas la question, car il ne fait pas ses films pour les autres, il les fait pour lui. Autobiographique, Poesia sin fin lui permet de se débarrasser du poids de son passé. Oui, le petit Alejandro qui de garçon timide s’est métamorphosé en poète sublime, c’est lui. Avec ce film, il se guérit et il guérit sa famille car deux de ses fils, Adan et Brontis Jodorowsky, assument les rôles principaux de l’œuvre.

Mais qui est ce père et réalisateur fou illuminé ? Alejandro Jodorowsky est un artiste franco-chilien antisystème imbibé d’imagination et de créativité. Artiste touche-à-tout, il est réalisateur, romancier, poète, scénariste de bande-dessinée mais aussi acteur ou encore mime. Il conspue le cinéma à la sauce d’aujourd’hui – lisse, aseptisé, une « machine à fric » – et c’est peut-être pour ça aussi qu’il continue à se battre pour que ses projets cinématographiques voient le jour.

Inénarrable, Poesia sin fin se regarde l’esprit ouvert ou ne se regarde pas.

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Poesia sin fin afficheDans l’effervescence de la capitale chilienne Santiago, pendant les années 1940 et 50, « Alejandrito » Jodorowsky, âgé d’une vingtaine d’années, décide de devenir poète contre la volonté de sa famille. Il est introduit dans le cœur de la bohème artistique et intellectuelle de l’époque et y rencontre Enrique Lihn, Stella Diaz, Nicanor Parra et tant d’autres jeunes poètes prometteurs et anonymes qui deviendront les maîtres de la littérature moderne de l’Amérique Latine. Immergé dans cet univers d’expérimentation poétique, il vit à leurs côtés comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement.

Sortie : le 05 octobre 2016
Durée : 2h08
Réalisateur : Alejandro Jodorowsky
Avec : Adan Jodorowsky, Pamela Flores, Brontis Jodorowsky
Genre : Drame, Fantastique

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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Jeu des acteurs
Réalisation
Olivia Bugault
Fraîchement débarquée sur Publik'art en cette année 2016, Olivia goûte bien trop la littérature, le cinéma et le théâtre ... bref la culture ! pour ne pas s'en mêler par la plume. Ainsi elle vous livre ses analyses sans oublier au passage de saluer bien bas chaque artiste que la critique soit bonne ou mauvaise.
poesia-sin-fin-dalejandro-jodorowsky-ovni-sublime-revolte Poesia sin fin d'Alejandro Jodorowsky, un OVNI sublime et révolté Ce film a une histoire en plus d’un scénario. Digne suite de La Danza de la realidad sorti en 2013, Poesia sin fin est une œuvre autobiographique qui revient sur les années de jeunesse mouvementées...

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