Un Rodin finement ciselé dans un vibrant hommage cinématographique

Rodin
Rodin, film de Jacques Doillon, Copyright Shanna Besson / Les Films du Lendemain

Un Rodin finement ciselé dans un vibrant hommage cinématographique

Jacques Doillon se passe d’artifices visuels ou scénaristiques superflus pour évoquer l’existence riche et laborieuse d’un génie reconnu à la toute fin de sa vie. Il privilégie l’épure, le ressenti et la langueur pour figurer un artiste hors norme avant tout représenté en longs plans fixes.  Auguste Rodin eut beau attendre ses 40 printemps pour honorer sa première commande pour l’état français, la machine était en marche et la postérité allait reconnaitre son apport considérable à l’art de la sculpture, le classant aux côtés de Michel-Ange dans le panthéon universel. Le sculpteur a porté l’art du modelage vers une nouvelle étape, modelant la souffrance ou l’érotisme avec un réalisme exacerbé. Le film Rodin rend un hommage vibrant via des acteurs habités et des scènes à la beauté formelle saisissante.

Un film au réalisme tranchant 

A une époque où les Blockbusters chargés de dollars et d’effets spéciaux font la loi au box-office, ce Rodin parait presque anachronique. Les plans sont d’une extrême simplicité, tout entiers tournées vers le regards fiévreux d’un artiste jamais satisfait et toujours aux aguets. Si l’acteur peine à figurer le monolithisme et la rigidité d’un homme que Gérard Depardieu représentait mieux grâce à son physique puissant, la palette de l’acteur et son regard font ressortir un riche éventail de sentiments qui font toucher du doigt la fragilité de l’homme. Car Vincent Lindon gagne en subtilité ce qu’il perd en virilité. Comme si Jacques Doillon voulait avant tout représenter l’homme secret derrière la façade publique, l’insatiable dénicheur de formes derrière le coureur de jupons surnommé le bouc sacré de son vivant. Les femmes sont omniprésentes dans ce film qui fait ressortir la présence perpétuelle de la compagne Rose (Séverine Caneele) face à des conquêtes de passage, avec au premier lieu Camille Claudel (Izia Higelin) beaucoup plus dans la retenue que Juliette Binoche et surtout Isabelle Adjani avant elle. Si sa soif de vivre prend le pas sur une pathologie psychiatrique qui se manifesta après sa rupture avec l’ours rugueux, elle accompagne l’artiste dans un passage clé de sa recherche artistique.

Un hommage à l’homme et à l’artiste

En cette année 2017 où les célébrations du centenaire de la mort d’Auguste Rodin se multiplient (Exposition au Grand Palais, Bande Dessinée), ce film met en relief un homme déterminé à représenter la nature avec une expressivité jamais vue auparavant. Impossible de rester de marbre devant Le Baiser, Le penseur ou Les Bourgeois de Calais tant ces oeuvres renvoient à la plus pure humanité. Le film retrace les étapes clés de sa carrière, la commande La Porte de l’Enfer, le buste de Victor Hugo, la Statue de Balzac et tous ces rapports avec Monet, Cézanne ou Mirbeau, pour bien montrer la place de Rodin dans l’histoire de l’art. Camille Claudel apparait telle un feu follet qui réchauffera Rodin et le poussera dans ses retranchements. Sans pour autant le décider à la séparation d’avec une Rose présentée comme un phare insubmersible. L’existence de l’artiste est présentée par petites touches, pour ne montrer que l’essentiel et sous-entendre son inlassable quête plastique. L’homme touche les arbres, observe la nature et ne ménage ni les modèles ni ses proches. Une telle intransigeance tend à la bougonnerie mais sous les traits de Vincent Lindon, impossible de ne pas y attacher des sentiments très humains, fragilité et insécurité en tête.

Ce Rodin subjugue par son ambition esthétique. Si les nombreuses longueurs et une placide lenteur pourront rebuter certains, impossible de ne pas s’émerveiller devant des choix stylistiques qui donnent au film une majesté impériale.

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Rodin
Rodin

À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme le Baiser et le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face et au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne. 
À 60 ans, enfin reconnu, il devient le sculpteur le plus célèbre avec Michel-Ange.

Sortie : le 24 mai 2017
Durée : 1h59
Réalisateur : Jacques Doillon
Avec : Vincent Lindon, Izia Higelin, Séverine Caneele
Genre : Drame, Biopic

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https://youtu.be/AxnsnNqN36I

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Réalisation
Jeu des acteurs
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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