Amour propre, un livre poignant de femme (JC Lattès)

Sylvie Le Bihan
Sylvie Le Bihan

Amour propre, un livre poignant de femme (JC Lattès)

Publik’Art avait été sous le charme de Sylvie Le Bihan avec Qu’il emporte mon secret. Cette fois-ci, Amour propre nous emporte sur une tout autre vague. Celui de la maternité et de l’éducation. En ce jour de la femme, Amour propre a toute sa place même si l’auteure dévoile une facette de la maternité que l’on cache, que l’on se cache. C’est là où réside toute la richesse de ce livre. Liberté de penser, liberté d’agir, liberté d’être une femme à part entière ! Un profond coup de cœur !

Histoire de Giula

Giula a eu trois enfants, Alex, Thomas et Antoine. Des enfants qu’elle a élevés seule, le mieux possible. Le lecteur suit Giula, la cinquantaine, alors qu’elle commence tout juste à découvrir son nouveau statut de femme ménopausée. Tout au long de son livre, Giula nous confie comment elle a réellement vécu ses trois maternités alors que ses enfants deviennent adultes et que ses deux fils décident de prendre une année sabbatique dans leurs études. Giula ne comprend absolument pas leur décision et du coup s’en va à Capri faire sa recherche, pour sa thèse, sur Curzio Malaparte en habitant même sa maison pour s’en imprégner totalement. « Malaparte, une histoire de famille » p.19. Elle a surtout besoin de prendre du recul pour tenter de comprendre ses fils.

Accent mis sur la filiation

Avec Amour propre, l’auteure ne va pas « enjoliver » la maternité, bien au contraire. Giula décrit ses maternités qui l’ont fait tant souffrir, qui l’ont tant déformée. Quant à ses accouchements, c’est carrément l’horreur. Si une jeune femme hésite à avoir un enfant, en lisant ce livre, elle n’en aura plus envie du tout ! Même si l’auteur ne parle que des effets négatifs d’une maternité, ils sont tous bien réels ! Mais quelle femme oserait dire qu’elle ne veut pas de cet enfant, qu’elle ne veut pas être bousillée par cet enfant, qu’elle ne l’aime pas immédiatement et qu’elle n’en peut plus de se sacrifier sans cesse pour élever ses enfants et leur dire qu’elle les aime. Elle est tout simplement épuisée face à cette tâche colossale qu’est la maternité. Et sans fin…

Vie de mère aujourd’hui

Se consacrer entièrement à ses enfants est presque une obligation dans notre société. Et le jour où les garçons de Giula lui annoncent qu’ils ne veulent plus étudier, Giula est effondrée : « J’étais centrée sur ma peine, comme une femme qui ne cesse d’être quittée et qui prend plaisir à lécher ses plaies ». P.83
Est-il seulement possible de lutter contre la volonté de deux grands gaillards qui ne veulent plus travailler ? Elle ne voulait pas démissionner, mais elle était au bout du rouleau, complètement vidée. Tout ce qu’elle a donné part en fumée avec cette décision qui va à l’encontre de son éducation.

Mère absolument

Giula ne se sentait pas du tout à l’aise face à ses propres maternités. Au contraire, elle s’est sentie très mal préparée, très choquée par son vécu d’où une énorme déception. Elle tente d’expliquer cette espèce de rejet ayant été elle-même abandonnée par sa mère. Si Giula a eu des enfants, c’est comme pour beaucoup d’entre nous, par amour, et pour croire en l’amour parfait. Et surtout sous la pression sociale : « J’ai eu mon premier bébé sous la pression sociale qui s’abat sur les jeunes mariés » p.113. Bien sûr Giula aime ses enfants mais elle explique très bien son malaise : « […] j’ai eu des enfants et je le regrette. P.114
[…] Regretter ce n’est pas rejeter, c’est simplement penser au « si », c’est envisager tous ces possibles qui s’envolent avec les premiers cris du nourrisson, et ce ne sont ni Alex, ni Thomas ou Antoine que je regrette, mais toutes ces années que j’ai dédiées à un dessein qui m’était étranger, à cet oubli de soi. » P.115

Grossesse synonyme de souffrances

Giula n’ira pas par quatre chemins pour décrire tout ce qu’elle a enduré durant ses grossesses, et ses accouchements. Il est vrai que c’est toujours mal vu de dévoiler tout ce que la future mère va vivre à cause d’une maternité : maux de grossesse, accouchement et ses conséquences sur le corps de la femme, allaitement rendu quasi obligatoire. Bref, la jeune mère n’a pas trop intérêt à se plaindre car en général, dans notre société, la maternité est toujours montrée sous son plus beau jour. Avec Sylvie Le Bihan, vous aurez tous les détails qui calment : […] une épisiotomie qui empêchent de pisser sans grimace pendant des semaines, qui laisse un cul de babouin à cause des hémorroïdes, l’obligation de s’asseoir sur une bouée pendant un mois […].p.188
Difficile pour Giula de se sentir pleinement comblée avec son bébé sur le ventre, après avoir tant souffert : « Elle était où cette putain de vague de maternité ? ». P.189

Publik’Art a été bouleversé par les confessions intimes de Giula qui vont parler à toutes les femmes, assurément ! Des révélations intimes pas souvent dévoilées ! Et tellement vraies ! Il faudrait que chaque femme, titillée par la maternité, lise ce livre pour être sûre qu’elle soit prête à vivre cet énorme bouleversement ! Elle aborde également le problème délicat de l’éducation, la différence qu’elle a faite entre sa fille et ses fils. Trop rapidement traitée sans doute. Des pistes de réflexion pour nous, lecteurs. Amour propre, un livre qui sort du lot assurément !

[vc_text_separator title= »RESUME DE L’EDITEUR ET INFOS » color= »custom » border_width= »5″ accent_color= »#1e73be »]

Giulia n’a hérité de sa mère que son prénom, italien comme elle, et son amour pour Malaparte. Elle a grandi seule avec son père et avec les livres du grand écrivain. Elle est devenue mère, elle est devenue professeure d’université, spécialiste de Malaparte. Ses enfants ont grandi, ils ont encore besoin d’elle, mais c’est elle qui a besoin de vivre sans eux maintenant : elle ne fuit pas comme sa mère a fui dès sa naissance, elle fuit pour comprendre ce qu’elle a hérité de cette absente, ce qu’elle a légué, elle, mère si présente, à ses enfants.
Elle répond à l’invitation d’un ami universitaire et part seule à la Villa Malaparte à Capri pour écrire un livre. L’œuvre du grand écrivain, ce qu’elle lit, découvre de l’auteur dans cette maison mythique, sa solitude, le silence de la maison où sont passés tant d’hommes et de femmes qu’elle admire, tout cela sert sa quête : quelle mère a-t-elle été, quelle éducation a-t-elle reçu et a-t-elle donné ? Et une question plus grave et plus essentielle peut-être : a-t-elle aimé ses enfants ? Les aiment-elles tout en regrettant la vie qu’elle aurait pu avoir sans eux ? Etait-elle faite pour être mère ou est-elle faite comme sa mère pour la liberté, l’absence de responsabilités ?

Date de parution : le 6 mars 2019
Auteur : Sylvie Le Bihan
Editeur : JC Lattès
Prix : 18,90 € (250 pages)
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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Qualité de l'écriture
Plaisir de lecture
Bénédicte de Loriol
En fonction depuis 2010, Bénédicte est notre directrice déléguée. Elle partage son expertise en de nombreux domaines. Elle dévore les livres comme d'autres dévorent le chocolat. Responsable des rubriques Littérature et Cinéma, elle gère aussi les opérations concours réalisées avec nos partenaires. Elle est notamment membre de l'Union des Journalistes de Cinéma (UJC).
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