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Another, tome 1 “Celle qui n’existait pas” : rencontre avec le Mort (Pika Édition)

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Another : quand le light novel fait son entrée dans le catalogue des éditions Pika

Another, tome 1 “Celle qui n’existait pas” : rencontre avec le Mort (Pika Édition)

Les Éditions Pika, spécialisées dans la publication de mangas (on leur doit notamment Fairy Tail, Sailor Moon ou plus récemment L’Attaque des Titans), ont dévoilé en mars 2016 la création d’une toute nouvelle collection intitulée “Pika Roman”. Le label propose aux amateurs néophytes ou éclairés de “déchirer le voile de l’Imaginaire” en partant à la découverte des romans japonais, les lights novels, qui ont inspiré ou qui ont été inspirés des mangas phares de la maison. Le tome 1 d’Another, sorti le 13 avril 2016, a inauguré la collection avec brio et, à nos risques et périls, nous avons osé déchirer le voile en poussant les portes d’un livre aussi inquiétant que rusé… Attention ! d’angoissants frissons horrifiques se profilent doucement à l’horizon…

Écrit par Yukito Ayatsuji, Another est un light novel composé de deux tomes dans son édition française (le second tome étant sorti en juin 2016 chez Pika). Il a été prépublié au Japon entre 2006 et 2009 dans le magazine Yasai Jidai. Another a connu un immense succès au Japon : il a été décliné en manga (série complète de 4 volumes dont l’édition française est parue en 2015), en un anime de 12 épisodes mais aussi en film…

Cruelle, cruelle malédiction…

Another est un récit qui occupe une bonne place aussi bien dans les champs de l’horreur que du fantastique. Le visuel de couverture de ce premier volume annonce d’emblée un ton volontairement sombre et mystérieux : au-delà de la couleur rouge sang et des cicatrices que portent la jeune fille au visage androgyne, c’est son regard frappant qui accroche, qui inquiète et surtout qui interroge. Que veut-elle ? À quoi pense-t-elle ? Est-elle une victime ? Où est-elle celle qui sème la terreur ? Est-elle l’héroïne ? Est-elle “celle qui n’existait pas” ? D’ailleurs, de quoi nous parle ce livre ? Car le titre n’est pas des plus explicites : “autre”, oui, mais de quel “autre” s’agit-il ?

Année 1998. Le premier tome, narré à la première personne, “Celle qui n’existait pas”, nous fait entrer dans l’univers de Koichi Sakakibara, qui voit sa rentrée en troisième au collège de Yomiyama-Nord retardée à cause de son hospitalisation. Koichi est un garçon de 15 ans un peu maladif, mais il est aussi un élève brillant, poli, curieux et propre sur lui (facettes qui lui joueront des tours). Il est fragilisé par des drames et soucis familiaux : mère morte jeune, père absent, famille disloquée. Au premier abord, c’est l’archétype du héros-orphelin adolescent un peu torturé, mais son calme et sa sagacité ne le rendent ni vraiment rancunier ni perturbateur.

Son nom de famille, “Sakakibara”, fait écho à un enfant tueur en série japonais arrêté en 1997, portant le même nom : ce garçon maltraitait ses souffre-douleurs qu’il harcelait, à l’image de Koichi qui lui-même a été victime d’harcèlement avant son changement de collège. Mais, dans le même temps, lorsque l’on parcourt le premier tome, on se rend compte en lisant entre les lignes que Koichi n’est lui-même pas dénué de cruauté, à l’instar de cet enfant-tueur…

Très vite, lorsqu’il rejoint les bancs du collège un mois après la rentrée, il se rend compte que pèse une ambiance malfaisante au sein de la classe qu’il a intégrée, la 3e3. Règles imposées, comportements contrôlés, mystères, silence de mort… et surtout une élève, Mei Misaki, ignorée par tous, “celle qui n’existe pas”, probablement la jeune fille de la couverture. Fille qu’il a rencontré lors de son séjour à l’hôpital, et qui pourtant semblait bien réelle.

Another, c’est l’histoire d’une malédiction qui frappe la 3e3, relatée dans les interludes qui ouvrent, coupent et terminent ce premier tome : vingt-six auparavant, Misaki était une élève brillante, appréciée de tous. Mais elle meurt dans de mystérieuses circonstances. Un véritable mécanisme de défense et de déni se met en place au sein de la classe : pour continuer à cultiver son souvenir et sa mémoire, chacun fait comme si elle était toujours vivante. Elle interagit avec les autres, élèves comme professeurs, ceux-ci interagissent avec elle. La vie est normale jusqu’à la fin de l’année, où, sur la photo de classe, Misaki y apparaît pourtant en chair et en os. La 3e3, par faute de ne pas avoir su faire correctement son travail de deuil, a déclenché une terrible malédiction. “Un mort” revient les hanter tous les ans, et emmène avec lui son lot de morts successives et de mystères… les élèves étant capables d’interagir avec lui, mais sans le savoir toutefois.

Alors, pourquoi Mei Misaki est-elle aujourd’hui ignorée de tous ? A-t-elle un lien avec la Misaki morte il y a vingt-six ans ? Est-elle “le mort” ?

Une enquête presque policière…

Difficile de dire si la traduction du texte rend hommage au style de Yukito Ayatsuji. Mais celui-ci, hélas parfois pauvre en description pour un récit fantastique, arrive tout de même à dégager une aura sourde et inquiétante au fur et à mesure que s’écrivent les pages : phrases simples, courtes et percutantes, non-dits insoutenables, répétitions nombreuses qui poussent à la psychose, et les dialogues interminables et haletants entre les élèves névrosés nous font plonger dans la terrible moiteur du collège de Yomiyama-Nord… Il s’opère une véritable enquête presque policière auquel Koichi, Misaki, les autres élèves et le lecteur sont invités à élucider : qui est le mort  qui apporte la malédiction ? comment le débusquer ? et comment composer avec la mort qui s’invite de façon permanente dans le quotidien ?

À la façon d’un roman d’Agatha Christie, on se laisse agréablement prêter au jeu des hypothèses ; la narration à la première personne facilite la tâche. Koichi part à la rencontre des autres élèves, on part à la rencontre de leurs proches. Certes, les personnalités secondaires sont un peu faibles et stéréotypées, on peut parfois douter de la sincérité de leurs émotions quand surgit de nulle part la mort et l’horreur tant ils sont dans la retenue (caractéristique typiquement japonaise, cela dit) mais leurs traits sont facilement distincts pour qu’on puisse mieux les cerner. On a comme l’impression de se retrouver piégé dans une maison de poupées obscure, où le déni et la folie sont les maîtres du jeu et où aucun échappatoire ne semble possible tant la mort frappe à chaque virement de couloir.

Les interludes du premier tome aident également à percevoir l’histoire d’une autre façon. Tels des “bruits de couloir”, ces conversations bourdonnantes entre élèves sont abruptes, longues et mystérieuses. Elles aident à fomenter nos hypothèses tout en les démentant…

Ce premier tome est rempli de pudeur tant l’auteur souhaite préserver le mystère sur l’identité du “mort”, les circonstances des drames et des morts qui touchent les élèves de la 3e3 et leurs proches. Les scènes d’horreur arrivent toujours à point nommé et arrachent des frissons d’angoisse auxquels il est difficile de résister. De plus, au-delà de l’intrigue policière que dessine le roman, des aspects existentiels sont traités en filigrane avec beaucoup d’intelligence et de charme : comment réagir face à la mort ? y-a-t-il seulement une bonne façon de réagir ? par le rire ? le déni ? la colère ?

Celle qui n’existait pas” est un premier tome brillant, qui bien que prenant son temps pour installer son intrigue tout en laissant de nombreuses questions en suspend (notamment autour de la famille de Koichi), joue avec les faux-semblants pour mieux nous tromper et nous piéger dans la maison de poupées de Yomiyama-Nord…

P.S. : L’édition de ce light novel ne comporte pas d’illustrations. À notre grand regret !

[vc_text_separator title= »RESUME DE L’EDITEUR ET INFOS » color= »custom » border_width= »5″ accent_color= »#1e73be »]

Collège de Yomiyama-Nord, 1972.

Lorsque Misaki, élève de 3e-3, trouve la mort, les autres élèves de la classe refusent de l’accepter, et font « comme si Misaki était toujours en vie ». Tant et si bien que leur camarade apparaît, pâle mais avec le sourire, sur la photo de classe de fin d’année ! Depuis, la « classe maudite » est le théâtre d’accidents en série, terrifiant élèves aussi bien que professeurs. Et si la 3e-3 était devenue l’antichambre de la mort… ?

Date de parution : le 13 avril 2016
Auteur : Yukito Ayatsuji
Editeur : Pika
Prix : 14,95 € (350 pages)
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NOS NOTES ...
Originalité
Scénario
Qualité de l'écriture
Plaisir de lecture
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