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Ballet Royal de Suède : Juliette et Roméo, Mats Ek, à l’opéra Garnier

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Photos : © Francette Levieux / Opéra national de Paris

Opéra national de Paris, Palais Garnier du 6 au 10 janvier 2015 

Danseur et chorégraphe suédois, Mats Ek a commencé sa carrière comme metteur en scène de théâtre et n’a opté pour la danse qu’en 1973, lors de son entrée dans le Ballet Cullberg dont il sera le directeur artistique de 1985 à 1993. Il y signera une trentaine de chorégraphies, toutes innovantes.

Sa danse physique et expressive non dépourvue d’humour, s’imprègne de toute la dimension intime, charnelle, guerrière, inhérente aux texte de Shakespeare, qui voit les corps exacerber l’amour fou et le désir ardent, la haine et la trahison, l’injustice et la l’oppression

Ses lectures provocantes de Giselle (1982), du Lac des Cygnes (1987), de La Belle au Bois dormant (1996) ou de Carmen (2002) ont fait sa célébrité. De retour au théâtre dans les années 1990, Mats Ek y fera danser les acteurs. Il travaillera également pour la télévision (La Vieille et la Porte, en 1991, un film ayant sa mère pour interprète).

Pour le 240e anniversaire du ballet royal de Suède en 2013, le chorégraphe crée une nouvelle version de Roméo et Juliette présentée à l’opéra Garnier pour six représentation exceptionnelles, qu’il intitule Juliette & Romeo, mettant ainsi l’accent sur la figure de l’héroïne dont le premier amour interdit en fait une rebelle contre l’ordre établi.

Photos : © Francette Levieux / Opéra national de Paris

Elle y incarne cette soif d’aimer immergée dans un environnement hostile marqué par les clivages de la société et l’autoritarisme d’un pouvoir patriarcal qui dressent des clans les uns contre les autres et annihilent toute volonté d’émancipation.

Cette relecture à laquelle il lui préfère aussi la partition de Tchaïkovski – d’une vibration en osmose parfaite avec l’esprit de la narration – à celle de Prokofiev, se révèle une réussite totale. Sa danse physique et expressive non dépourvue d’humour, s’imprègne de toute la dimension intime, charnelle, guerrière, inhérente aux texte de Shakespeare, qui voit les corps exacerber l’amour fou et le désir ardent, la haine et la trahison, l’injustice et l’oppression.

Le tout à l’abri de l’écriture caractéristique du chorégraphe marquée par un jeu de mains aux doigts regroupés et tendus dans le prolongement de la paume comme une pelle, des pieds flex, de grands pliés, des mouvements enroulés, et des ruptures de ton.

La ville des amants maudits se matérialise par un espace glaçant de Magdalena Aberg aux lumières métalliques, constitué de noirs panneaux coulissants qui apparaissent puis disparaissent, s’ouvrent et se referment, au gré de la rébellion qui fait rage et de la défense absolue de leur amour.

Photos : © Francette Levieux / Opéra national de Paris

La distribution est au diapason où le final, dans un tableau saisissant d’intensité, parachève son homogénéité et consacre sans détour la mort simultanée des deux amants, à jamais réunis pour l’éternité…

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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