Accueil Cinéma A l'affiche Clash, un brûlot humaniste et désenchanté

Clash, un brûlot humaniste et désenchanté

Clash
Clash, film de Mohamed Diab, Copyright Pyramide Distribution

Clash, un brûlot humaniste et désenchanté

Clash est un film qui génère une émotion maximale, la boule au ventre et des cauchemars. Oubliez les films horrifiants pour adolescents et les thrillers américains, ce film égyptien de Mohamed Diab joue la carte de l’ultra réalisme et de la peinture sociale sans concession dans une Egypte au bord de la crise de nerfs. Le film cloue au siège et vous ne serez pas prêt de l’oublier.

Le film débute en 2013. Une première révolution a renversé en 2011 le dictateur Moubarak après un règne sans partage et le vol de toute la richesse de l’Egypte. La seconde en 2012 a porté les Frères musulmans islamistes au pouvoir et la troisième en 2013 a vu l’armée reprendre les choses en main. Des manifestations opposent alliés de l’armée et des Frères musulmans. Entre les deux, l’armée fait le ménage et entasse les manifestants dans des camions sans distinction de bords. La tension s’installe d’abord entre les opposants, puis la dureté des conditions de détention en pleine chaleur fait se rapprocher les ennemis naturels. Mais l’homme est un loup pour l’homme…

Un quasi témoignage des révolutions égyptiennes

Clash scénarise des évènements qui ont dû se produire des dizaines de fois entre 2011 et 2013. Une quinzaine de manifestants de tous bords se retrouvent dans un fourgon de police. Se défient, se menacent pour finalement s’allier dans une nécessité de s’épauler pour survivre. Le film se déroule principalement dans le huit clos du fourgon de la police. Enfermés sans ménagement, sans eau ni accès aux toilettes, les prisonniers sont d’abord ulcérés de devoir cohabiter avec leurs opposants. Islamistes et sympathisants de l’armée sont des bêtes sauvages dans le contexte politique d’un pays divisé au bord de la guerre civile. Pas de voix off ou de recul, la caméra ne quitte l’espace étroit du camion que pour montrer les environs. Foule violente assoiffée de justice, policiers acculés et réduits à l’opposition armée, la caméra ne quitte pas le camion et ses environs pendant tout le film. La tension est étouffante, peut-on imaginer de chez nous le déferlement de rage ? Les images de la place de République à Paris ne soutiennent pas la comparaison…

Pas de répit pendant 1h30

Les scènes de tension alternent avec des plages de calme. Attisés par le feu de la colère, les prisonniers craignent bien vite pour leurs vies. Peur de la police, peur des manifestants qui ne voient qu’un fourgon de police noir sans vraiment discerner ses occupants, les inimitiés laissent place à une complicité surprenante. La femme voilée doit baisser son tissu sous l’effet de la chaleur étouffante, l’islamiste fanatisé fraye avec l’opposant laïc de gauche, peut-on imaginer un destin contraire à un tel exemple de rapprochement humain et emphatique? Mais le réalisateur ne ménage pas le spectateur et le dénouement est un déchirement. L’audience quitte la salle en silence, sans n’avoir rien à dire. Nul besoin de voir des films horrifiants fantaisistes et irréalistes, Clash fait parfaitement l’affaire. L’horreur atteint un sommet rarement atteint au cinéma. L’émotion pour des personnages qui se rapprochent peu à peu pour finalement laisser place à l’horreur.

Une mise en scène minimaliste pour un effet maximal

Du fait du huit clos, la caméra virevolte en tous sens, passant d’un groupe à l’autre, d’un personnage à son voisin. La caméra passe dans l’interstice des barreaux pour visualiser ce que voient les occupants du camion, se balade à proximité mais des cris ou des zooms rattachent immanquablement le spectateur à la population du camion de police. Le lien n’est jamais rompu et l’identification est inévitable. Peut-on ne pas plaindre ses victimes d’une situation politique inextricable? Le réalisateur avait déjà livré un Les femmes du bus 678 fort en émotion. Il récidive et creuse le sillon émouvant d’un pays perdu et déchiré. Avec une économie de moyens qui tranche avec un cinéma américain pas avare en moyens surpuissants pour des intrigues fantasmées et gratuites. Mais ici, la réalité prévaut. Dure et brutale. Et voir une foule en rage mener par un sentiment de haine et de vengeance, sans rien différencier ni pardonner, n’est ce pas cela le summum de l’horreur ?

Clash est un coup de poing dans l’estomac ; Une expérience cinématographique qui fait s’interroger sur la nature humaine. Et abroge les possibilités d’espoir. De quoi ne plus en dormir pendant plusieurs nuits…

[vc_text_separator title= »SYNOPSIS ET INFOS » color= »custom » border_width= »5″ accent_color= »#1e73be »]
Clash

Le Caire, été 2013, deux ans après la révolution égyptienne. Au lendemain de la destitution du président islamiste Morsi, un jour de violentes émeutes, des dizaines de manifestants aux convictions politiques et religieuses divergentes sont embarqués dans un fourgon de police. Sauront-ils surmonter leurs différences pour s’en sortir ?

Sortie : le 14 septembre 2016
Durée : 1h37
Réalisateur : Mohamed Diab
Avec : Nelly KarimHani AdelTarek Abdel Aziz
Genre : Drame

[vc_text_separator title= »BANDE ANNONCE » color= »custom » border_width= »5″ accent_color= »#1e73be »]

NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Mise en scène
Jeu des acteurs
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
clash-brulot-humaniste-desenchante Clash, un brûlot humaniste et désenchanté Clash est un film qui génère une émotion maximale, la boule au ventre et des cauchemars. Oubliez les films horrifiants pour adolescents et les thrillers américains, ce film égyptien de Mohamed Diab joue la carte de l'ultra réalisme et de la...

AUCUN COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Quitter la version mobile