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David Gilmour fait chavirer la foule à Chantilly

David GilmourDavid Gilmour fait chavirer la foule à Chantilly

Le guitariste mythique David Gilmour passait à Chantilly ce samedi 16 juillet pour un concert attendu de pied ferme par les fans de Pink Floyd. Son nouvel album Ratttle that Lock entérine la fin définitive du groupe anglais après le décès récent du claviériste Rick Wright et la volonté affirmée du vaillant septuagénaire de se concentrer sur sa carrière solo. Pour un moment de musique intense et une fois de plus exceptionnel.

Le dernier passage parisien de David Gilmour datait de 2006. L’Olympia avait accueilli le guitariste accompagné du batteur Nick Mason et du claviériste Rick Wright pour un moment de pure magie onirique. La formation resserrée autour du toujours vert David Gilmour avait livré la pépite Echoes à une salle sous le choc. Les connaisseurs de la vidéo Live at Pompéii et surtout de l’album Meddle avait instantanément reconnu ce Si caractéristique du début de l’odyssée sonore de plus de 22 minutes. Le choix de Chantilly comme passage parisien de David Gilmour en 2016 n’est pas le fruit du hasard. Le rédacteur nostalgique avait assisté au concert de Pink Floyd sur l’hippodrome voisin pour le premier concert de sa vie en 1994. Quelle meilleur manière de débuter une vie passée à égrener de nombreux concerts passés depuis par les Rolling StonesPaul McCartneyACDCColdplay et Depeche Mode (ente autres)…

Les années récentes ont vu Roger Waters, l’ancien bassiste de Pink Floyd et ancien ennemi intime de David Gilmour, promener son show The Wall sur les scènes du monde entier avec un accueil extatique des fans. D’abord vu à Bercy puis au Stade de France, le spectacle était à la hauteur de sa légende. Voir un immense mur se dresser entre la scène et le public avec un déluge d’effets visuels projeté dessus pour un effondrement final, les poils se hérissent encore sur les bras des heureux spectateurs à cette simple évocation. Pour faire contrepoint à cette ébauche extravagante, David Gilmour a choisi l’épure. Le légendaire (et copyrighté) écran circulaire, quelques effets visuels, une formation resserrée et surtout pas d’Another Brick in the Wall au programme. Même rabiboché avec WatersGilmour a son petit caractère, pas question de verser un centime de droits au détenteur des chansons de The Wall, à savoir nul autre que Roger Waters. S’il a chanté Run like Hell et Comfortably Numb, David fait partie des ayant droits de deux des seuls morceaux ayant échappés à l’avidité du bassiste, nuance…

24 000 spectateurs se dirigent vers le magnifique parc du Château de Chantilly. Une scène, pas si imposante que ça, fait majestueusement face au château. Une sécurité sur les dents fait prendre 45 minutes de retard au concert mais personne ne se plaint. C’est d’ailleurs par une minute de silence forte en émotion que débute l’évènement. En hommage aux 84 victimes de l’attentat de Nice, c’est toute la foule sans AUCUNE exception qui se recueille. Les larmes montent aux yeux de nombreuses personnes, l’émotion est totale, l’hommage est unanime, le moment de communion collective silencieuse sera marqué pour longtemps dans tous les esprits. Puis le héros de la soirée arrive sur scène dans un déluge d’applaudissements. Le concert n’a pas été annulé ; toutes les précautions ont été prises, aucun incident ne sera à déplorer malgré une foule coudes à coudes. Le respect est le maitre mot de la soirée.

David Gilmour alterne entre morceaux de son dernier album et classiques du répertoire floydien. Le rédacteur fanatique du Floyd n’a écouté que d’une oreille distraite les morceaux anecdotiques débutant par le jungle de la SNCF (Rattle that locke) ou naviguant dans les eaux d’un piano jazz oubliable (Girl with yellow dress). La guitare de Gilmour lâche inopinément dès le départ, l’obligeant à en changer au pied levé. Certains y ont vu un symbole…  Contrairement à son habitude, il ne coupe pas le concert en 2 parties distinctes, première avec des compositions personnelles et seconde exclusivement dédiée à Pink Floyd. Pourquoi pas. Quand retentit au bout de 3 morceaux What do you want from me, la foule exulte, elle n’aura pas à attendre une heure pour entendre le plus gros de la carrière de David Gilmour. Extrait du Division Bell de 1994, le morceau rappelle l’exact reflet joué 22 ans auparavant sur l’hippodrome voisin. Souvenirs…

Un premier hommage à Rick Wright survient rapidement. C’est sa universellement connue composition The Great gig in the sky qui raisonne sous le ciel encore bleu de Chantilly. Ce n’est pas le froid qui fait frissonner l’audience mais l’émotion d’un morceau culte extrait du vendu à plus de 50 millions d’exemplaires The Dark Side of the MoonGilmour rend hommage à son acolyte de la plus belle des manières, les voix magnifient le chant intense imaginé par Clare Torry en 1973. La légende raconte que la jeune chanteuse toute penaude alla s’excuser après sa performante devant un groupe complètement bluffé par son chant. Le duo de chanteuses accompagné par un chanteur font honneur au morceau imaginé par Wright à l’époque de Zabriskie Point et refusé par Antonioni pour la Violent Sequence. La foule exulte, le concert est enfin lancé.

Suivront 3 autres morceaux du Floyd pour cette première partie, et pas les moins significatifs. Wish you were hère fait se hérisser les poils surtout que le clavier accompagnant Gilmour livre une déclinaison jazzy rafraichissante sur la fin du morceau. Ce J’aimerais que tu sois là semble s’adresser au tant à Rick Wright qu’à Syd Barrett. L’inoxydable Money fait se trémousser la foule, surtout qu’un pont là aussi très jazzy agrémente le morceau phare de DSOTM. La première partie se finit avec l’étendard High Hopes, porte d’entrée de la jeune génération pour l’univers riche et coloré de Pink Floyd. Passé en rotation lourde sur les radios à l’époque de Division Bell en 1994 le morceau est rentré tout droit dans le coeur des fans de tous âges. 15 minutes de break, la foule n’en a pas fini avec l’émotion.

Le groupe revient pour un classique du Floyd. One of thèse days envoie sa basse technoide à une foule déjà en transe. Pas de tours adjacentes avec des cochons baladant leur morgue dans la deuxième partie du morceau, mais toujours ce solo hypnotisant à la steel guitare. Une spectatrice à côté de moi ne cesse de s’extasier devant les prouesses guitaristiques de David Gilmour. A 70 ans, il envoie toujours du lourd et démontre qu’il n’a rien perdu de son expertise guitaristique. L’écran central montre ses doigts en action, de quoi impressionner jusqu’au plus hardi fan de One Direction. Puis vient le morceau de bravoure Shine on you Crazy Diamond. Cet hommage à peine voilé à Syd Barrett fait son effet, les ambiances s’enchainent, la guitare répond au clavier qui répond au saxo. Remember when you were young… Suivent les plus anecdotiques mais rafraichissants Coming back to life, Fat Old Sun, On an Island et Sorrows avant une fin de concert en apesanteur.

Les habitués du Floyd savent que David Gilmour finit habituellement ses concerts avec les mêmes morceaux. Il innove ce soir. Souvent joué à la toute fin, il commence avec un Run Like Hell lui aussi technoïde. Les habitués de The Wall mettent les mains en croix pendant les Run, Run, Run et la foule se laisse griser par cette critique en règle de l’idéologie fasciste. La voix du rédacteur vient à manquer quand des horloges se mettent à raisonner bruyamment. C’est bel et bien Time que l’orchestre va interpréter. Le meilleur pour la fin. Le claviériste remplace Rick Wright pendant les ponts et le morceau fait exulter la foule par sa puissance sonore et philosophique. Shorter or breath, one day, closer to death... Gilmour ne pouvait pas ne pas finir avec son solo de guitare le plus acclamé à la fin de Comfortabley numb. Pas de boule disco mais des lasers pour clôturer le morceau.

David Gilmour s’est exercé sur un vaste panel des plus belles guitares de la galaxie. La même Gibson SG que Angus Young dans ACDC, la célébrissime Les Paul comme Jimmy Page dans Led Zeppelin, une Telecaster, la Stratocaster qui a rendu l’âme au début du concert. Il faut le meilleur pour le meilleur. La soirée est parfaite. Temps de saison, ciel bleu, château de Chantilly en paysage paisible, mêmes vidéos vues en 1994 pour High HopesShine on et TimePink Floyd est un sacerdoce et David Gilmour en est un digne représentant. Après le récent ouragan The Wall, le guitariste rappelle qui est le boss. De la plus belle des manières.

Dates :  Samedi 16 juillet 2016
Lieu : Château de Chantilly
Avec : David Gilmour

NOS NOTES ...
Plaisir du spectateur
Prouesses guitaristiques
Richesse de répertoire
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
david-gilmour-chavirer-foule-a-chantilly David Gilmour fait chavirer la foule à Chantilly Le guitariste mythique David Gilmour passait à Chantilly ce samedi 16 juillet pour un concert attendu de pied ferme par les fans de Pink Floyd. Son nouvel album Ratttle that Lock entérine la fin définitive du groupe anglais après le décès récent du claviériste Rick Wright et...

8 Commentaires

  1. Très chouette article! Je me permets juste de rectifier certaines choses:
    A ma connaissance Nick Mason n’était pas à l’Olympia en 2006, c’était Steve Di Stanislao à la batterie, Rick Wright était bel est bien là par contre et à même eu le droit à une standing ovation comme j’ai rarement vu lors d’un concert. Etait présente pour The Great Gig in the Sky – Sam Brown, de passage à Paris et invitée par David Gilmour à pousser la chansonnette avec lui pour le plus grand plaisir du public.

    Concernant les guitares électriques utilisées à Chantilly, je n’ai pas vu de Gibson SG 😀 … mais bel et bien sa Gibson LesPaul Goldtop, la légendaire « Black Strat », la guitare qui a lâchée est une Esquire – appelée affectueusement La « Workmate » (oui ça ressemble à une Telecaster :)), d’ailleurs Phil Taylor (le technicien guitare de DG depuis toujours) l’a réparé et elle a pu être utilisée à nouveau lors du concert.

    « Fat old sun » est loin d’être anecdotique surtout en live avec son solo magique 🙂 mais là c’est une autre histoire…

    • Quel œil vous aviez? en tout cas, j’y était, premier concert de gilmour pour moi, le jour de mes 50 ans, c ‘était assez magique. On en redemmande. Juste dommage que j’ai du laisser mon appareil photo à la consigne…

  2. ++Paco!

    Et pour Fat Old Sun, tu as raison. Petite balade anecdotique sur l’album Atom Heart Mother (« Les vaches »), c’est pourtant une de mes chansons préférées.
    Autant elle est timide et la voie de DG est toute chevrotante sur l’album des 70’s, autant ce morceau est un véritable morceau de scène : L’intro plus volontaire à la guitare sèche et un MAJESTUEUX solo à l’Esquire 😉
    Gilmour n’a cependant jamais mis cette chanson au rebus. Il la ressort assez régulièrement sur scène. J’adore!

    A Chantilly, a noter le délirant Money (oui, je sais, ça semble banal, mais la version jouée était magique). Juste regretté l’absence des choristes)

    Et puis la seconde partie après l’entr’acte : One of these days où Guy Pratt fait trembler les basses puis Sorrow où même les gravillons sont entrés en transe (!), et pour finir, LE DESSERT : Time et le très attendu Comfortably Numb

    Autres points remarquables de cette soirée :
    – Les files d’attente à l’ambiance extrêmement conviviales. Je me suis fait plein d’amis.
    – La minute de silence. Impressionnante!
    – Le vol d’oies juste avant le concert : parties du château derrière nous, les 6 ou 8 volatiles ont rasé les têtes des 24 000 spectateurs pour aller s’évaporer à droite de la scène. Tonnerre d’aplaudissement pour les oies!
    – La lune, presque pleine, qui a accompagnée tout le concert et est sortie par la grille principale du parc à 1 h du matin. Tout un symbole : Il y avait du « Dark Side » dans l’ambiance…

    Merci David!

  3. +1.

    A noter qu’après la minute de silence, une partie du public a repris la Marseillaise (principalement sur la gauche de la scène). Le vol de canards Colvert (et non des oies 🙂 était tout simplement surréaliste, signe annonciateur d’une soirée magique « plein les yeux plein les oreilles », dans un cadre exceptionnel avec une ambiance générale formidable.

  4. Canards colverts ??? Désolé, c’était des oies, et plus exactement des bernaches du canada, comme bien cité plus haut, reconnaissablent entre mille mille à leur cou noir…. Foi de passionné d’ornithologie !
    Pour la marseillaise, nous étions sur les escaliers et nous n’avons pas du tout entendu celle ci.
    euh… on était au même concert ?

    • Oui, je confirme pour la marseillaise, j ‘y était, et c ‘est bien sur la gauche de la scène que les gens l’on chantée, mais pas très fort.

  5. Canard colvert ? foi d’ornithologiste, les « canards » à cou noir sont des bernaches du canada, de la famille des oies….
    La marseillaise ? depuis les escaliers nous ne l’avons pas entendu.
    euh… on était au même concert ?

  6. Une petite question, qui était le claviériste, à gauche sur la scène, jouant entre autre l’orgue hammond avec la cabine leslie… que j’ai aperçu tourner plus d’une fois..ce fut magnifique d’en entendre un vrai, c ‘est tellement rare de voir cela sur scène.

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