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Don Giovanni de Mozart, mis en scène par Michael Haneke, à l’Opéra de Paris

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Crédits photo © Karina Beltrán / Adagp, Paris 2015

Opéra Bastille du 12 septembre au 18 octobre 2015 – 3h40 avec 1 entracte 

Reprise pour la dernière fois, cette production du cinéaste Michael Haneke, transpose le mythe du héros éponyme séducteur et manipulateur dans le monde de l’entreprise où Don Giovanni prend les traits d’un cadre dirigeant qui tient sa domination non pas de sa naissance aristocratique, mais de sa réussite sociale.

Dans cette vision menaçante et noire de l’œuvre, le rapport de force donne alors toutes les armes à Don Giovanni pour s’affranchir de tous les interdits et manipuler, corps et âmes, des proies asservies par le désir ou l’ascension sociale.

Le rôle titre s’apparente donc ici à celui d’un directeur général d’un grand groupe, et celui de Leporello, d’assistant et jeune directeur. Le Commandeur est le grand patron, Donna Anna une patronne junior et les jeunes Zerlina, Masetto ainsi que leurs amis, les salariés d’une société de nettoyage de l’entreprise.

Enfin, Don Giovanni est tué ici-bas (défénestré par ses victimes devenues bourreaux) et non foudroyé par le divin comme suggéré par le livret.

Imposant son art du clair-obscur et son regard clinique, Haneke scrute sans relâche les ressorts d’un pouvoir prédateur, ô combien dévastateur, où la figure héroïque traque sans fin les murs d’une multinationale transformée en terrain de chasse, sans foi ni loi.

© Christophe Pelé / OnP

La lumière crépusculaire et le décor glacial de Christophe Kanter installent d’office un climat oppressant dont le seul échappatoire réside dans la baie vitrée du hall d’entrée de la société, renvoyant sur les bureaux illuminés des tours avoisinantes.

Dans cette vision menaçante et noire de l’œuvre, le rapport de force donne alors toutes les armes à Don Giovanni pour s’affranchir de tous les interdits et manipuler, corps et âmes, des proies asservies par le désir ou l’ascension sociale.

Portée par une direction d’acteurs où le cinéaste excelle par leur déplacement et une appropriation visuelle de l’espace, l’œuvre se charge des silences qu’il aménage entre les airs et les récitatifs, suspendant d’autant son emprise angoissante et sa   portée fantasmagorique.

La subtilité mozartienne est dirigée d’une main d’esthète par Patrick Lange qui en exprime à la fois toute la brillance et l’excès dans une fluidité parfaite. Arthur Rucinski et Alessio Arduini forment un duo convainquant. A leur coté, Maria Bengtsson est une fervente Donna Anna tandis que Karine Deshayes se montre furieusement habitée en Donna Elvira.

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Mise en scène
Voix
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
don-giovanni-de-mozart-mis-en-scene-par-michael-haneke-a-lopera-de-paris Crédits photo © Karina Beltrán / Adagp, Paris 2015 Opéra Bastille du 12 septembre au 18 octobre 2015 - 3h40 avec 1 entracte  Reprise pour la dernière fois, cette production du cinéaste Michael Haneke, transpose le mythe du héros éponyme séducteur et manipulateur dans le monde de l’entreprise où...

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