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Intense moment d’émotion devant La femme comme champ de bataille à la Contrescarpe

La Femme comme champ de bataille
La Femme comme champ de bataille, Théâtre de la Contrescarpe, texte de Matei Visniec

Intense moment d’émotion devant La femme comme champ de bataille à la Contrescarpe

Deux femmes affrontent les démons du passé dans une pièce qui bouscule les spectateurs. Le duo d’actrices subjugue avec son intensité autant que son honnêteté. La douleur de l’une contamine les certitudes de la seconde dans une réflexion subtile quant à la fragilité tapie en chacun de nous. La pièce offre une réflexion fascinante sur ce qui construit l’espoir et la volonté de vivre malgré les épreuves.

La douleur de survivre à l’horreur

Dorra est une victime de la guerre en Yougoslavie. Elle est suivie par Kate, une psychologue américaine chargée de l’écouter et de l’arracher à sa prostration. La pièce ouvre une lucarne sur une guerre hyper médiatisée en occident mais loin pourtant d’avoir révélé au grand jour toutes ses zones d’ombre. Pendant que les hommes combattaient, les victimes s’accumulaient de tous côtés, les exactions se multipliaient et les femmes étaient en première ligne. La psychologue d’abord pleine de certitudes bascule dans la tourmente au contact de la victime. La mise en scène sommaire joue sur un rythme graduel et des intermèdes laissant la salle plongée dans le noir. Pendant que les 2 personnages font des bonds temporels, des sons stridents – cris, bruits de moteur, armes rechargées – plongent la salle dans l’expectative et font monter la tension.

Une subtile inversion des rôles

La pièce fonctionne sur un mode surprenant. La psychologue plonge peu à peu dans le doute tandis que la victime se reconstruit en parallèle, comme si la force de l’une changeait de corps pour permettre la remontée à la surface de la seconde. Les descriptions de sévices restent elliptiques, les mots prennent moins de place que les postures et faciès des actrices. Leur jeu prend toute la place et hypnotise tout du long. Le drame de la guerre tourmente les personnages jusqu’à interpeller l’audience. La force nécessaire pour continuer à vivre semble un obstacle insurmontable et pourtant la vie doit bien continuer… Le sentiment final renvoie avant tout aux prestations remarquables d’actrices habitées par leurs rôles. Tant d’implication force le respect de toute l’audience et les applaudissements finaux les saluent fort justement.

Si la pièce est éprouvante et renvoie souvent aux tréfonds de l’âme humaine, elle n’est pas dénuée d’espoirs. L’aube ressurgit toujours après la nuit la plus noire, de quoi méditer longuement sur ce moment de théâtre puissant.

Dates :  du 10 novembre au 29 décembre 2016
Lieu : Théâtre de la Contrescarpe (Paris)
Metteur en scène : Bea Gerzsenyi
Avec : Cécile Durand et Dimitra Kontou

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des acteurs
Texte
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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