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« Le Cid » de Jules Massenet, direction : Michel Plasson, à l’Opéra de Paris

Le Cid / Massenet - Roubaud

© Agathe Poupeney / Opéra National de Paris

Palais Garnier du 27 mars au 21 avril 2015 

Le Cid, a vraiment existé, il a vécu en Espagne au 11ème siècle. Et il a inspiré Corneille qui en a fait une grande pièce de répertoire. Ensuite c’est Jules Massenet qui s’est emparé de l’œuvre pour en composer un opéra en 1885 qui n’avait plus été donné à Garnier depuis 1919. Son attrait et sa fascination pour la langue du Grand siècle fait la part belle au livret où la partition tonique qui enchaine héroïsme et romantisme, se pare des célèbres alexandrins : “ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, Rodrigue as-tu du cœur, à moi, comte, deux mots, qu’on est digne d’envie quand avec la force on perd aussi la vie, va, je ne te hais point, aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années”.

[pull_quote_center]La distribution est emmenée par l’inégalable Roberto Alagna dont l’ampleur et l’étendue du timbre embrassent à merveille la composition chevaleresque et romantique du personnage. Tandis que la Chimène de la mezzo-soprano Sonia Ganassi, spécialiste du bel canto italien, se révèle intense sur l’air ”Pleurez, pleurez mes yeux !”.[/pull_quote_center]

Entre les scènes collectives propices à l’effervescence du chœur et les duos tourmentés des amants Rodrigue (Roberto Alagna) et Chimène (Sonia Ganassi) se déclinent sur fond d’une romance de cap et d’épée les enjeux de l’intrigue qui voit s’opposer le sens de l’honneur et la passion du cœur.

[pull_quote_left]Michel Plasson, grand défenseur de la musique française, restitue avec brio l’ouverture opératique du livret et ses airs épiques aux multiples couleurs ornés d’une touche hispanisante, sous l’emblème du drapeau espagnol, rouge et or.[/pull_quote_left]

Pour venger l’offense faite à son père, Rodrigue doit défier le père de Chimène, sa bien-aimée.  Avant même de le tuer, Rodrigue comprend son malheur : « Devais-tu m’imposer, ô fortune cruelle, pour ma première épreuve une épreuve mortelle ! (…) Hélas, tout mon bonheur perdu ! » chante-t-il à la toute fin du premier acte.

La jeune femme ne peut donc plus épouser Rodrigue et, pour venger son père, doit se résoudre au  châtiment suprême pour son amoureux.

Mais le roi a besoin de Rodrigue pour combattre les Maures. Il revient de cette mission victorieux et est proclamé Cid campeador (chef guerrier).

Lorsque le souverain demande à Rodrigue la récompense qu’il désire, il réplique que seule Chimène peut la lui accorder. La voyant alors hésiter, Rodrigue s’apprête à s’immoler avec sa propre épée. Ce geste rédempteur a raison des dernières réticences de Chimène qui lui annonce son pardon et lui réitère son amour.

Le metteur en scène Charles Roubaud transpose l’action sous Franco à l’abri d’une scénographie imposante et circulatoire propice aux effets spectaculaires et visuels des scènes de groupe mais aussi aux déclamations amples et sentencieuses des protagonistes.

Michel Plasson, grand défenseur de la musique française, restitue avec brio l’ouverture opératique du livret et ses airs épiques aux multiples couleurs ornés d’une touche hispanisante, sous l’emblème du drapeau espagnol, rouge et or.

La distribution est emmenée par l’inégalable Roberto Alagna dont l’ampleur et l’étendue du timbre embrassent à merveille la composition chevaleresque et romantique du personnage. Tandis que la Chimène de la mezzo-soprano Sonia Ganassi, spécialiste du bel canto italien, se révèle intense sur l’air ”Pleurez, pleurez mes yeux !”.

Annick Massis (l’infante) témoigne d’une belle performance vocale assortie d’une prestance toute aussi royale sans oublier les prestations remarquées de Paul Gay (Don Diègue), Nicolas Cavallier (le Roi), et Laurent Alvaro (le Comte de Gormas).

Le Cid ou la noblesse du cœur, olé !

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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