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Le salon de musique, le chef d’œuvre de Satyajit Ray ressort en salles le 25 janvier

Film très peu connu dans nos contrées au-delà de quelques cinéphiles initiés, le salon de musique est un film d’une splendeur sans limites. Le voir une fois suffit pour mieux comprendre son aura et pourquoi, en 2008, le film a été classé 20ème d’une liste des 100 meilleurs films de l’histoire par le magazine spécialisé Les Cahiers du Cinéma. Le noir et blanc est d’une splendeur totale, les mise en scène est prodigieuse et l’histoire a tout du conte universel. Voir ce personnage de notable sombrer peu à peu s’imprime pour toujours dans les prunelles de ceux qui l’ont vu.

Un fable funeste

Un aristocrate et grand propriétaire terrien vit pour plusieurs choses des plus importantes à ses yeux. Son statut dans l’Inde des castes où lui occupe la première place, la musique qu’il fait vibrer dans son salon de musique, son fils qui va perpétuer la prodigieuse lignée. Le temps est pour lui une succession de générations qui ont toutes connu le faste des puissants. Pour figurer le luxe de son statut de nabab, un magnifique lustre de verre brille de mille feux grâce aux bougies qui lui permettent de jaillir de l’obscurité. Mais ce faisant, le film fait la démonstration de la vanité des choses d’une manière particulièrement troublante. Le très prospère et dispendieux seigneur voit tout ce qui a fait son existence sombrer peu à peu. Sa fortune s’amenuise à mesure que ses revenus se tarissent suite à l’inondation de ses terres, son fils disparait accidentellement, son voisin issu d’une lignée bien moins reconnue fait fortune et le nargue de plus en plus ouvertement. Reste pour Biswanbhar Roy l’importance des bonnes manières et son palais richement décoré. Le film voit le faste passer et les toiles d’araignée s’installer, le salon de musique est condamné suite au décès du descendant, après la prodigalité, les fonds viennent à manquer. Le thème de la déchéance a d’autres très beaux exemples dans le cinéma, Le guépard en premier lieu, même Jean de Florette. Le film de 1958 a connu une carrière plus prestigieuse dans le monde Anglo saxon qu’en France. Sa ressortie en salle le 25 janvier est l’occasion d’une découverte qui ouvrira les yeux de beaucoup. Bien plus que le trop superfétatoire pour être honnête Babylon sorti récemment, ce Salon de musique est un très bon exemple de ce que le cinéma peut offrir de meilleur. Sans excès mais avec une justesse difficilement comparable. Les 20 dernières minutes sont un véritable déchirement. Le maitre s’offre un dernier concert dans son salon de musique, la musique et la danseuse créent l’ivresse dans les yeux des convives subjugués. Il croit revivre, mais les bougies du lustre s’éteignent les unes après les autres, la fin est proche et une dernière cavalcade sur son cheval préféré scelle à jamais la fin de sa lignée.

Tous les moments de musique touchent au cœur, bien loin de l’ambiance fantaisiste de Bollywood, tout est parfaitement chorégraphié et interprété, concourant d’autant à la splendeur du film. La découverte de l’année, assurément.

Synopsis: Le Bengale dans les années 20. Biswanbhar Roy, aristocrate et grand propriétaire terrien a passé l’essentiel de sa vie à assouvir sa passion pour les fêtes musicales, les concerts donnés dans le salon de musique de son palais, devant un public d’amis, par des musiciens, des chanteurs, des danseuses. Cette passion l’a ruiné, alors que dans le même temps son voisin Mhim Ganguli, bourgeois et nouveau riche, prospérait et cherchait également à rivaliser avec lui sur le plan musical. Peu à peu, Roy s’est enfoncé dans la contemplation passive et nostalgique de sa propre décadence. Après la mort accidentelle de sa femme et de son fils dans le naufrage d’un bateau lors d’une tempête, il a fermé son salon de musique. Quatre ans plus tard, il le rouvre pour un dernier concert dans lequel il engloutit ses dernières ressources, mais qui lui procure le plaisir suprême d’humilier son rival, Ganguli.

NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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