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Les âmes noires, un film de Francesco Munzi

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Sortie le 1er octobre 2014

 

Synopsis

Luigi et Rocco, fils d’un berger proche de la ’Ndrangheta, la mafia calabraise, sont dans le trafic international de drogue. Luciano, le troisième frère, est berger comme son défunt père assassiné par une famille rivale. Il s’occupe des terres familiales et a décidé de rester à l’écart des activités de ses frères. Malgré ses efforts pour protéger ses proches de cet héritage de violences et de rancoeurs, son fils Léo est attiré par ce monde où la loi du sang et le sentiment de vengeance sont maîtres.

Depuis Gomorra (2008) de Matteo Garrone tiré du roman de Roberto Saviano et devenu depuis cette année une série télévisée, le cinéma italien se penche, avec un regard proche du reportage, sur l’histoire de la mafia contemporaine de son pays. A celle de Naples du film de  Garrone, Les âmes noires du réalisateur Francesco Munzi (Il Resto Della Notte – Sélection Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2008, Saimir – Mention Spéciale Première Oeuvre à la 61ème Mostra de Venise) s’intéresse cette fois à la ’Ndrangheta calabraise, étant à ses yeux le centre névralgique de la mafia en Italie, avec une sombre histoire de famille qui, bien entendu et sans en dévoiler trop, se terminera tragiquement.

 

Là où constitue l’originalité du film de Francesco Munzi, c’est dans son approche morale et quasi religieuse qui peut renvoyer au cinéma de Pasolini par certains aspects. Le réalisateur décrit ainsi le parcours du jeune Léo et son ascension peu à peu grandissante dans l’entreprise criminelle familiale que son père Luciano, berger reclus et mysanthrope, voit d’un très mauvais œil. Luciano tente d’extraire son fils de l’emprise de ses deux frères trafiquants de drogue Luigi et Rocco et souhaite le voir embrasser un tout autre chemin, qui est d’en faire un berger comme lui.

 

Les âmes noires constitue ainsi le portrait d’un clan familial divisé entre deux frères criminels et leur aîné, resté à l’écart et ne voulant pas entendre parler de leurs affaires. Le film est porté par une galerie de personnages profonds et complexes psychologiquement campés par de solides comédiens comme Marco Leonardi (Luigi), Peppino Mazzotta (Rocco), Fabrizio Ferracane (Luciano) et Giuseppe Fumo (Léo). Face à ces figures masculines et quelque peu machistes, des femmes fortes tout aussi bien interprétées par Barbora Bobulova (Valeria) et Anna Ferruzzo (Antonia). Une réalisation sobre et sans effets de style offre à cette histoire proche de la tragédie grecque un parfait écrin réaliste. Ainsi le roman de Gioacchino Criaco (éditions Métailié) dont Les âmes noires constitue l’adaptation cinématographique, devient à l’écran une réussite modeste mais pas moins remarquable de rigueur et d’âpreté où la dimension religieuse est présente en toile de fond, notamment à travers le personnage de Luciano, dont les apparitions le montrent presque constamment devant la figure d’un crucifix ou d’une vierge avec l’enfant, en faisant une sorte de représentation christique et morale face aux forces du mal symbolisées par le reste de sa famille, dont il tente en vain d’extraire de l’emprise sa propre personne, sa femme et surtout son fils.

 

 

Alors si l’on apprécie le cinéma italien contemporain et les histoires de familles avec un fond de violence et de tragédie, Les âmes noires de Francesco Munzi constitue le parfait long métrage à aller voir en salle le 1er octobre.

Cinéphile passionné, Thierry est chroniqueur cinéma et DVD depuis 2006 en ayant collaboré auparavant pour des webzines comme Kinok ou La revue du cinéma. En parallèle de son activité de chroniqueur, il exerce également les fonctions de scénariste et storyboarder sur des projets de courts, longs métrages et séries de fiction.

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