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Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, mise en scène par Julien Gosselin, à Paris

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© Simon Gosselin

Odéon-Théâtre de l’Europe, Festival d’Automne à Paris
Ateliers Berthier du 9 octobre au 14 novembre 2014

Julien Gosselin réussit avec brio l’adaptation des particules élémentaires de Michel Houellebecq où son inspiration du plateau (vidéo en direct, musique live, lumières, adresse face public) se fait le prolongement composite et sensible d’une écriture passant du poétique à l’ironie, du social au philosophique, du désenchantement à l’utopie. Une jubilation.

« Cette pièce est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant la seconde moitié du XXe siècle. Généralement seul, il fut cependant, de loin en loin, en relation avec d’autres hommes. Il vécut en des temps malheureux et troublés. Le pays qui lui avait donné naissance basculait lentement, mais inéluctablement, dans la zone économique des pays moyen-pauvres ; fréquemment guettés par la misère, les hommes de sa génération passèrent en outre leur vie dans la solitude et l’amertume. Les sentiments d’amour, de tendresse et de fraternité humaine avaient dans une large mesure disparu ; dans leurs rapports mutuels ses contemporains faisaient le plus souvent preuve d’indifférence, voire de cruauté ».

Publié en 1998, le roman raconte le destin croisé de deux demi-frères, nés de parents soixante-huitards irresponsables, que tout oppose à l’exception d’une grande misère affective.

Deux anti-héros donc qui s’apparentent aux deux versants de l’ultra moderne solitude.

En physique, chaque particule élémentaire se double d’une antiparticule identique. À Bruno, professeur de français au lycée, solitaire, désabusé et obsédé sexuel, correspond son demi-frère Michel. Un savant réservé, d’un implacable déterminisme, qui, en réponse à la vaine quête de plaisir de son frère et de notre monde, cherche à faire de l’humanité à travers ses recherches moléculaires une espèce immortelle, reproductible par clonage.

Le tout prend la forme d’une grande épopée – souvent drôle, toujours passionnante – désenchantée et mélancolique sur fond de questionnement dévastateur de l’héritage de mai 68 et de ses idées libertaires où s’interrogent aussi à travers différents modes de temporalité et de narration, la tyrannie de l’individualisme, du jeunisme et de la violence d’un système hyper productiviste qui aboutissent à la dégénérescence d’une civilisation.

Une vaste pelouse rectangulaire est livrée aux riffs de la musique électro-rock comme au siège des 10 comédiens (tous excellents) où dans un élan de corps et de mots, ils sont à la fois narrateurs, personnages, musiciens, commentateurs d’une prose aussi crépusculaire que clairvoyante pour décrypter sur près de 50 ans la désintégration sulfureuse du modèle occidental.

[pull_quote_right]Julien Gosselin réussit avec brio l’adaptation des particules élémentaires de Michel Houellebecq où son inspiration du plateau (vidéo en direct, musique live, lumières, adresse face public) se fait le prolongement composite et sensible d’une écriture passant du poétique à l’ironie, du social au philosophique, du désenchantement à l’utopie. Une jubilation ![/pull_quote_right]

Un constat toutefois non dénué d’espoir car le spectacle est dédié à l’homme dont la condition demeure profondément dérisoire, immanquablement pathétique mais infiniment humaine…

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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