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Les règles du savoir-vivre dans la société moderne, texte de Jean-Luc Lagarce, mise en scène par François Thomas, à Paris

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Théâtre Les Déchargeurs du 20 janvier au 28 février 2015 à 21h15

Les « règles du savoir-vivre dans la société moderne » est une pièce de Jean-Luc Lagarce l’un des auteurs français les plus importants de la fin du 20e siècle, et l’un des plus joués en France.

Il s’agit d’un monologue qui s’appuie sur la réécriture d’un manuel de bonnes conduites de la Baronne Staffe, née Blanche Soyer, paru en 1889, dont le propos consiste à édicter pour chacun des grands moments de l’existence (naissance, fiançailles, mariage, veuvage) la conduite à tenir et que Lagarce d’un regard corrosif, taille au scalpel pour mieux en faire ressortir toute la parodie sous-jacente.

Ses mots donnent toute son ampleur à la dérision et au décalage des situations décrites qui, par delà le rire qu’elles provoquent, n’en sont pas moins empruntes de gravité. C’est là la périlleuse et grande affaire que de pourvoir y survivre

Sur la scène, la baronne – ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre – prend les traits de Martin Juvanon du Vachat où d’emblée la transgression du genre participe sournoisement à la charge caustique contre les conventions sociales et leurs fausses apparences.

La Dame nous instruit des codes à suivre pour ne pas « se laisser déborder par les futilités accessoires que sont les sentiments et pour gérer la vie comme une longue suite de choses à régler ».

Sur un ton affecté aux airs de patronnesse, la conférencière – sourire aux lèvres mais faussement éternel masquant en fait une implacable solitude – porte à son paroxysme le parcours désopilant de la jeune fiancée jusqu’au mariage puis au veuvage que les règles de la bienséance doivent régenter et accompagner, le tout délesté de tout ressenti intime et émotionnel.

A travers cette adresse anachronique, l’auteur nous renvoie – dans une langue mélodieuse et une syntaxe dense – le portrait d’une société bourgeoise sclérosée. Derrière la forme caricaturale d’un guide de convenances prétexte pour Lagarce à une critique sociale, il pointe avec une ironie mordante la famille, l’amour, la mort, la solitude et les valeurs d’une société torpillée par les faux-semblants que l’on se doit toujours de sauvegarder.

Le comédien à la diction prenante dans une mise en scène épurée de François Thomas  et en interaction avec le public, déploie un jeu subtil où ses attitudes et ses silences amplifient à dessein les moments tragico-comiques.

Cette pièce donne aussi à entendre le ton singulier de Jean-Luc Lagarce fait de sonorités, de variations et de reprises.

Son rythme donne toute son ampleur à la dérision et au décalage des situations décrites qui, par delà le rire qu’elles provoquent, n’en sont pas moins empruntes de gravité.

Car c’est là la périlleuse et grande affaire que de pourvoir y survivre…

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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