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Nikolaï Lugansky, un pianiste d’exception en concert au Théâtre des Champs Elysées

Nikolaï Lugansky

Nikolaï Lugansky, un pianiste d’exception en concert au Théâtre des Champs Elysées

Nikolaï Lugansky est aujourd’hui un des pianistes majeurs du circuit pianistique mondial. Chacune de ses trop rares apparitions fait salle comble de la cave au plafond. Son (unique) concert 2016 au Théâtre des Champs Elysées n’a pas dérogé à la règle. La virtuosité et l’élégance de ses interprétations de Schubert et Rachmaninov ont transporté la foule, déclenchant des salves d’applaudissement torrentielles.

L’école russe compte un nombre incalculable de pianistes d’exception. L’histoire se souvient au moins de Sergeï Rachmaninov et de Vladimir Horowitz (précision importante : ce dernier était ukrainien !). Les stars actuelles du piano russe se nomment Ievgueni Kissin, Boris Berezovksy et Grigory Sokolov pour n’en citer que quelques uns. Nikolaï Lugansky fait partie de cette caste ultra élitiste où la facilité des interprétations est déconcertante, le clavier se transforme en flute de pan enchanteresse et la clarté du jeu enivre l’audience. Sa technique est décrite comme rien de moins qu’exceptionnelle mais le meilleur n’est même pas là. Nikolaï Lugansky alterne entre légèreté aérienne, délicatesse des enchainements et passion tigresque. Nikolaï Lugansky fut immédiatement repéré dès ses débuts au piano à l’âge de 5 ans.

Elève de l’illustre professeure Tatiana Nikolaïeva, elle lui attribua ce surnom rentré dans la légende : « L’élu« . Ses enregistrements, notamment de Rachmaninov et Chopin font référence. Sa carrière de concertiste en a fait un incontournable des saisons pianistiques. Après 2011, 2013 et 2015, ce 4e concert personnel n’a rien fait pour le faire descendre de mon firmament personnel.

Lugansky en tire la quintessence de la musicalité.

Le concert débute par un classique de Lugansky. Après l’intégrale des Impromptus opus 142 de Schubert interprétée en 2013, il choisit deux de ses moment les plus délicats. Le n°1 alterne entre passion sauvage et légèreté atmosphérique. Pas un bruit dans la salle (ce qui est rare eu égard à la moyenne d’âge plutôt élevée de l’audience), la précision de son jeu et la délicatesse de ses entrelacs de notes touchent au sublime. Evidemment sans partition, l’attitude visiblement détachée de toute contrainte terrestre, Lugansky gratifie le TCE d’un moment d’anthologie. Le n°3 est un enchainement ludique sur une même mélodie maintes fois réinterprétée. La simplicité feinte de la composition est magnifiée par la noblesse chevaleresque de l’interprétation. La dernière note jouée, c’est une première salve d’applaudissements. Suit la sonate n°30 de Beethoven, l’audience écoute religieusement les accords impeccablement enchainés avec puissance et dextérité. L’entracte n’est qu’une respiration avant de continuer l’apnée musicale.

Le second acte commence par une sucrerie. Les compositions d’Albeniz s’inspirent de la musique folklorique espagnole et ses transcriptions à la guitare ont participé à sa renommée. Lugansky les interprète sans mal avant le morceau de bravoure du concert. Les 6 moments musicaux de Rachmaninov, composés à 23 ans (!!!!) sont des moments d’anthologie sous les doigts du pianiste russe. Comme libéré de l’apesanteur, il semble manier le Rachma sans effort apparent. Et pourtant… Il faut entendre une fois dans sa vie le n°4 (vidéo ci-jointe) pour comprendre ce qu’est la virtuosité pianistique. L’accumulation de notes semble injouable par le meilleur des pianistes… mais Lugansky en tire la quintessence de la musicalité. Ces accords complexes, ce rythme trépidant, c’est un Everest du piano… Lugansky délivre ce moment musical avec une immense paix apparente. Les autres moments musicaux alternent entre tranquillité et chaudron bouillonnant. La dernière note est accueillie par un tonnerre d’applaudissements. Chacun comprend qu’il a assisté à un moment rare, donc précieux.

Lugansky n’est pas avare en rappels, il en fait profiter longuement le TCE et semble gêné de devoir clôturer le concert après plus de 2 heures d’extase musicale. Il se plie à l’exercice de l’autographe pendant un long moment avec toujours ce naturel confondant et ce sourire avenant. Et dire qu’il enchantait la salle de ses qualités pianistiques hors pair l’instant auparavant… Il va falloir attendre un an avant de le retrouver au Théâtre des Champs Elysées… Que le temps va sembler long !

Programme :

Franz Schubert
Impromptu en fa mineur opus 142 n°1
Impromptu en si bémol majeur opus 142 n°3

Ludwig Van Beethoven
Sonate n°30 en mi majeur opus 109

Isaac Albeniz
Azulejos
El Albaicin, Iberia 3e cahier

Sergeï Rachmaninov
6 Moments Musicaux, opus 16

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Date : le lundi 15 février 2016 l Lieu : Au Théâtre des Champs Elysées (Paris)

NOS NOTES ...
Appréciation globale
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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4 Commentaires

  1. Bonjour, merci pour ce compte-rendu. Savez-vous ce que Lugansky a joué en rappel ? Trois morceaux, il me semble que le deuxième était une étude-tableau de Rachmaninov, mais je ne connaissais pas les deux autres.

  2. Lugansky joue souvent des compositions d’auteurs russes. Mais Jeanne Roze productions envoie toujours un mail pour récapituler les bis. C’est chose faite: 3 rappels donc avec Mendelssohn « romance sans parole en ré majeur », Rachma « Etude / tableau en sol mineur op33 n°8 » et Kapustin « Etude de concert n°8 opus 40 ». ! Tout simplement 😀

  3. Merci pour ce compte-rendu. savez-vous quels sont les morceaux qu’il a joués en bis ? Il me semble qu’il y avait une étude tableau, je n’ai pas reconnu les deux autres

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