Accueil Spectacles/Théâtre Peter Pan de James Matthew Barrie, par Bob Wilson, à Paris

Peter Pan de James Matthew Barrie, par Bob Wilson, à Paris

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Théâtre de la Ville jusqu’au 20 décembre 2013

Le Théâtre de la Ville, après The Old Woman qui nous avait subjugué, présente Peter Pan la nouvelle création très attendue de Bob Wilson dont le travail est à l’honneur à Paris avec une déclinaison de propositions artistiques qui passe également par le musée du Louvre (Living Rooms) et le Théâtre du Châtelet ( Einstein on the beach), en début d’année 2014.

Et ce nouveau rendez-vous avec le grand Bob qui met en scène les acteurs allemands virtuoses du Berliner Ensemble, troupe mythique de Berlin, sur une musique facétieuse et poétique des soeurs CocoRosie interprétée par un orchestre de 9 musicien, est une réussite totale.

Avec Peter Pan, le garçon qui ne veut pas grandir, l’écrivain James Matthew Barrie a créé l’un des mythes immortels de l’enfance éternelle propice à toutes les fantasmagories.

En remontant à l’origine de Peter Pan, tel qu’il a été imaginé par l’Écossais à l’aube du 20 e siècle qui en dépeint un personnage bien plus sombre et plus inquiétant que le modèle imposé par les studios américains, Bob Wilson s’attache à sa vision ténébreuse et onirique.

Composition parfaite que cet espace temps en à-plat lumineux sur lequel se projettent différentes teintes de couleurs et dont la partition profonde fait naître un nouveau rapport à la dramaturgie

Cette part d’ombre, cauchemardesque, qui sied particulièrement à la fable de l’enfant transgressif, multiple, régressif, irréductible, avec son refus absolu du monde des adultes dont l’imaginaire en roue libre rejoint alors parfaitement l’esthétique wilsonnienne et ses influences expressionnistes.

Le pays imaginaire et son trouble, où la filiation comme le mélange du bien et du mal qui se trouvent au cœur de l’œuvre, sont somptueusement mise en scène.

Dans une épure totale, Bob Wilson orchestre des tableaux imagés, d’outre tombe ? sonores, aussi troublants qu’époustouflants, où défilent les nuages sur lesquels volent les enfants perdus, la lagune aux crocodiles, le bateau échoué des pirates où encore des sirènes en apesanteur.

La noirceur du propos là où la mort rôde avec des mères qui abandonnent leurs progénitures est contrastée par le livret toute en légèreté et fantaisie composé par les CocoRosie, duo américain de psyché-folk  des soeurs Bianca et Sierra Casady, qui mènent judicieusement la danse.

Et quand l’art protéiforme du maître texan nous remémore cette petite mort, métaphore de l’enfance disparue

Composition parfaite que cet espace temps en à-plat lumineux sur lequel se projettent différentes teintes de couleurs et dont la partition profonde fait naître un nouveau rapport à la dramaturgie, décomposant inexorablement le mouvement jusqu’à tendre à son immobilité.

Le visage grimé, fardé de blanc, habillés en cuir pour les pirates et en costumes fluorescents pour les enfants perdus, les 21 comédiens, délestés de tout naturalisme et psychologisme, théâtralisent à merveille dans un jeu distancié, à la gestuelle parfaitement chorégraphiée, entre music hall et poésie pure à la Tim Burton, en passant par le nô et le cartoon, ce formalisme aigüe de la scène.

Sabin Tambera est un Peter Pan sexy et gothique tandis que le capitaine Crochet (Stefan Kurt) a des allures de rock star. Quant à Anna Graenzer, elle est une Wendy malicieuse aux grands yeux cerclés de noir et Sierra Casady en danseuse de cabaret des années 30, une fée clochette virevoltante.

Et quand l’art protéiforme du maître texan nous remémore cette petite mort, métaphore de l’enfance disparue.

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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