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Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello, mise en scène par Emmanuel Demarcy-Mota, à Paris

 

SIXPER~3

Théâtre de la Ville du 14 au 31 janvier 2015

Elle a l’air bien étrange cette famille recomposée tout habillée de noir, débarquée de nulle part et comme si elle était encore à l’état d’ébauche. À la recherche de son auteur, elle fait irruption sur la scène d’un théâtre avec la ferme intention d’obtenir un plateau pour jouer son drame. L’événement n’est pas sans semer le trouble chez le metteur en scène, les acteurs et les techniciens, en train de répéter dans la salle une pièce de Pirandello.

Les quinze acteurs, dans un mouvement chorégraphique, sont à l’unisson pour nous entraîner dans cette spirale qui relève du méta-théâtral où après la répétition et sa dimension multiple et exutoire, la réalité du drame se révèle enfin

Dans une lutte acharnée, acteurs et personnages vont dès lors chercher à imposer leur propre conception entre fiction et réalité où une famille cabossée par la vie se remémore ses blessures pour remonter jusqu’à l’essence du drame et son exorcisme.

La mise en abyme – du théâtre dans le théâtre – est l’un des thèmes de prédilection de Pirandello.

Il travaille en permanence la question de la permutation des places, des fonctions, du double identitaire. Dans Six personnages en quête d’auteur, le metteur en scène se rêve en auteur tandis que les personnages se revendiquent les acteurs de leur propre drame et quant aux acteurs, ils deviennent des spectateurs. Le tout orchestré devant un public absent, puisqu’il s’agit d’une répétition.

Et cette confusion des rôles à la fois troublante, dérangeante et fascinante, Emmanuel Demarcy-Mota l’a imaginée dans un espace clair-obscur ingénieux et poétique, à la lisière du fantastique, qui nous plonge d’entrée dans un univers à la fois feutré et ambigu, où la frontière entre le réel et l’imaginaire se révèle illusoire et interchangeable.

La richesse de cette opposition propre à l’œuvre de Pirandello initie avec force le ressort dramatique du dédoublement.

Où le passage d’une vérité à l’autre dans un jeu de miroir incessant se charge et se transforme tout en ouvrant une réflexion abyssale sur la création théâtrale dans ses tenants et ses aboutissants les plus intimes.

Le monde du théâtre devient comme le lieu de la fabrication de tous les possibles : de l’inceste à peine déguisé à la mort violente d’une innocente.

Les quinze acteurs, dans un mouvement chorégraphique, sont à l’unisson pour nous entraîner dans cette spirale qui relève du méta-théâtral où après la répétition et sa dimension multiple et exutoire, la réalité du drame se révèle enfin…

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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