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White Bird, un film de Gregg Araki

WHITE BIRD_HD

Sortie le 15 octobre 2014

Durée : 1h31

Avec : Shailene Woodley, Eva Green, Christopher Meloni

 

Synopsis

Kat Connors a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité,  Kat semble  à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère

Après The Doom Generation, Kaboom, Nowhere, Splendor et surtout Mysterious Skin qui abordait le sujet douloureux et délicat de la pédophilie, le réalisateur Gregg Araki poursuit son exploration des névroses de l’Amérique avec son nouveau film White Bird, adapté du roman Un oiseau blanc dans le blizzard (White Bird in a Blizzard en vo) de Laura Kasischke. Cette fois le réalisateur s’intéresse au personnage d’une ado à la fin des années 80 jusqu’au début des années 90. Durant ce laps de temps, elle devra composer avec un drame, celui de la disparition subite de sa mère…

White Bird est avant tout le prétexte pour Gregg Araki de casser le miroir des apparences, celui du rêve américain où tout semble propre et lisse derrière les façades des maisons aux jardins et piscines bien entretenues, comme ce fût le cas dans Blue Velvet (1986) de David Lynch où la noirceur se faisait jour au fur et à mesure de l’intrigue. Gregg Araki ne cache d’ailleurs pas ses influences pour le cinéaste de Elephant Man et Mulholland Drive, et ce jusque dans l’imagerie onirique que propose le film, avec des séquences très belles qui prennent par moment la forme du rêve, rêve dont le cauchemar n’est jamais bien loin. Le réalisateur, très visuel, pense son film en terme d’images, et les couleurs vives et chaudes des costumes et des décors sont faites à partir de choix très précis. C’est également le cas pour le casting avec en tête la jeune et déjà star Shailene Woodley (Divergente, Nos étoiles contraires, The Descendants) qui est bouleversante de fragilité dans le rôle de Kat, ado raccrochée à une quête éperdue d’identité qu’elle partage avec Beth (Gabourey Sidibe) amie black très ronde et Mickey (Mark Indelicato) ami gay en mal de reconnaissance. La recherche de bonheur de Kat passe par ses premières expériences sexuelles mais ses choix sont hasardeux, comme avec le détective Scieziesciez joué par Thomas Jane, trop âgé pour elle, ou avec Phil, son petit ami (Shiloh Fernandez) qui semblait plus s’intéresser à l’esprit mature de Eve, sa mère, quand celle-ci était encore à la maison. Cette mère justement représente la femme moderne née dans les années 50 et qui n’a pas réussi à s’adapter aux changements de la société, s’enfermant dans un quotidien qui l’emprisonne. Le personnage de mère qu’incarne magnifiquement Eva Green semble ainsi constamment en décalage, comme la transfuge d’une époque révolue dans laquelle elle n’a pas sa place, et qui finira par disparaître réellement de l’écran. Autre figure majeure du film, celle de son père Brock (Christopher Meloni), entre lui et sa fille semble se lier une grande incommunicabilité, il apparaît pour Kat comme la figure menaçante de l’autorité masculine qu’elle cherche constamment à fuir, en même temps que le seul lien familial qui la relie à sa mère, dont l’image protectrice de l’amour et de la douceur lui apparaît dans ses rêves, semblant idéalisé par rapport à un réel tragique qui la montrait en névrosée un peu rigide et insatisfaite avant sa disparition mystérieuse.

La réalisation pleine de lyrisme et de mélancolie parvient à capter l’essence des deux décennies 80 et 90 avec une grande justesse. Aidé par une superbe partition musicale où s’invitent des tubes oubliés de la new wave de cette époque (ceux de la génération des quarantenaires s’en souviendront avec émotion) allant de Depeche ModePet Shop Boys, The Cure, Siouxsie and the Banshees, New Order ou encore Cocteau Twins. White Bird est une véritable réussite, un film qui dynamite la famille américaine et l’image du rêve américain pour le faire virer de plus en plus vers un cauchemar scintillant de noirceur. Un diamant brut du cinéma américain et un beau film tout simplement.


White Bird

Cinéphile passionné, Thierry est chroniqueur cinéma et DVD depuis 2006 en ayant collaboré auparavant pour des webzines comme Kinok ou La revue du cinéma. En parallèle de son activité de chroniqueur, il exerce également les fonctions de scénariste et storyboarder sur des projets de courts, longs métrages et séries de fiction.

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