2 concerts d’exception au Théâtre des Champs Elysées
Christian Zacharias et l‘Orchestre Philarmonique de Saint Petersbourg ont fait une halte au Théâtre des Champs-Elysées, le pianiste allemand le 7 novembre, les seconds le 10 novembre. Compte rendu de deux évènements musicaux d’exception.
Un pianiste aux doigts de fée
Christian Zacharias est un habitué du TCE. Ecouté déjà deux fois en 2013 et 2015, cette troisième apparition n’a pas dérogé à la règle dans la qualité et la légèreté des interprétations. En bon pianiste allemand, il s’est focalisé sur 3 des plus grands compositeurs de ce pays. Schubert, Beethoven et Schumann ont défilé sous les doigts du pianiste pour 3 interprétations grisantes même si ne faisant pas partie de leurs partitions les plus connues. La sonate n°4 de Schubert est une oeuvre de jeunesse, composée à 20 ans par le génial compositeur. Les morceaux de bravoure abondent dans cette oeuvre vigoureuse et foisonnante. Les sonates n°27 et 30 de Beethoven suivent, pour un nouvel exemple de la virtuosité de Christian Zacharias. Profondeur et émotion marquent son interprétation. Les Davidsbündlertänze de Schumann composent la seconde partie du concert pour des variations plus légères mais non moins impressionnantes.
Le programme était surprenant mais non moins passionnant. Idéal pour découvrir des oeuvres moins connues des 3 compositeurs sous les doigts experts du pianiste, chef d’orchestre, écrivain, directeur de festival et musicologue allemand.
Stravinsky et Ravel à leur meilleur
Le concert du 10 novembre a vu l’Orchestre Philharmonique de Saint Pétersbourg et son chez d’orchestre Yuri Temirkanov ont fait chavirer le public du TCE. Ce sont pas moins de 90 musiciens qui ont interprété Petrouchka de Stravinsky dans une ambiance joyeusement décalée. Le compositeur russe a apporté un vent de fraicheur à la musique classique sans hésiter à varier les atmosphères et les tonalités. Et il n’y a qu’à voir la composition de l’orchestre pour mieux le comprendre. Xylophone, triangle, piano, cuivres, harpes, tout le panel des instruments est représenté sur une scène totalement occupée par l’équipage dont la mécanique de précision est dirigée de main de maitre. Moins connu que le Sacre du Printemps, ce Petroucka a brillé par sa parfaite interprétation.
La seconde partie était toute dédiée à Maurice Ravel. Et c’est rien de moins que la star mondiale du piano Jean-Yves Thibaudet qui est venu accompagner l’orchestre pour un Concerto mémorable. La parfaite technique du pianiste ne jurait en rien avec la maitrise de l’orchestre, créant une complicité parfaite dans chaque note. Et comme cette pièce s’inscrit dans la lignée d’autres concertos composés par d’illustres compositeurs (Tchaikovsky, Brahms, Schumann, Chopin…), le plaisir de l’écoute fut au diapason de l’interprétation. Un rappel du pianiste (7e mouvement de Kinderszenen de Schumann) clôturait une performance éblouissante. L’orchestre pouvait s’atteler sereinement à la Valse du même compositeur. Joyeux maelström s’apparentant à un brouhaha assourdissant, cette valse désarticulée surprend et déroute. Comme un orchestre jouant sur un navire en train de couler, les musiciens retombent pourtant sur leurs pieds pour faire apparaitre une mélodie dansante perdue dans un fatras de notes. L’exécution fut là aussi parfaite et le tonnerre d’applaudissements final rendait un hommage mérité à des interprètes survoltés.
Deux concerts qui marqueront ce mois de novembre 2016 par la qualité des répertoires et des interprétations.