A durée déterminée, un CDD haut en couleur signé Samantha Bailly (JC Lattès)
Ophélie et Samuel prêtent leurs voix au roman de Samantha Bailly, chacun leur tour. Ces deux personnages aux parcours radicalement opposés se retrouvent malgré tout à travailler pour la même entreprise : Pyxis. Tous deux sont embauchés pour un CDD de six mois, avec des attentes et des espoirs bien distincts. On remarque leurs différences dès le début. Alors que pour Ophélie, le temps se compte comme un compte à rebours avant la fin de son CDD, pour Samuel, c’est le temps qui s’est écoulé depuis le début de sa thèse qui nous permet d’avoir la chronologie. Pour Ophélie, le CDI est un tremplin vers le Graal absolu : le CDI, alors que Samuel se retrouve chez Pyxis un peu par erreur, il sait par avance qu’il ne veut pas y rester. Il espère profiter de ce changement pour se remettre de sa dépression et reprendre sa thèse.
Ophélie et Samuel, reflets de toute une génération
Ophélie et Samuel parlent à tous, retransmettent les doutes et interrogations de toute une génération. Samantha Bailly a une façon de s’ancrer à la réalité qu’aucun autre auteur n’égale. En plus de devoir faire sa place dans une entreprise où les employés vont et viennent, arrivent pleins d’espoir et repartent démotivés, Ophélie et Samuel doivent gérer leur vie privée, pas toujours simple. De ce climat tendu ressort un sentiment qui ne nous quitte pas de la première a la dernière page : l’incertitude. La crainte, constante, de ne pas savoir quoi les attend après ce fameux CDD, un compte à rebours opprimant.
Du rêve à la réalité
Rapidement, on réalise que derrière l’image de rêve que propose Pyxis aux jeunes en quête de stage, CDD ou CDI, se cache une toute autre réalité. C’est une ambiance tendue, presque même oppressante, qui se crée. On rappelle constamment aux employés que s’ils veulent atteindre leur objectif, à savoir décrocher un CDI chez Pyxis, il faut faire attention à leur moindre geste. Au fil des pages, l’ambition et la passion d’Ophélie s’effritent peu à peu, tout comme la motivation de ses amis, qui caressent le même but.
Chaque fois que la tension redescend, qu’Ophélie s’échappe, le temps d’un week-end, de l’entreprise et tout le stress qui l’accompagne, on lui rappelle que rien n’est jamais acquis et que même en dehors de ses heures de travail, elle se doit d’être irréprochable.
Ophélie découvre ce climat presque malsain au fil des jours, en même temps que le lecteur.
La fragilité du statut de l’auteur
Pyxis est une entreprise d’édition de mangas et de jeux vidéos. Grâce au personnage d’Alix, une amie d’Ophélie au service éditorial, Samantha Bailly traite d’un sujet qui lui tient à cœur : la fragilité de l’auteur au sein de la chaîne du livre. Encore une fois, les anciens stagiaires vont de désillusion en désillusion.
Pour Ophélie, le CDD est une corde raide. Si elle parvient à garder l’équilibre, sa place chez Pyxis sera acquise. Bien sûr, il lui faut composer avec ses amours en friche, ses amis en galère, et le manque de soutien familial ; mais elle est bien décidée à réaliser son rêve.
Pour Samuel, le CDD est un accident. Abattu par la dépression avant d’avoir pu terminer sa thèse, il a postulé à tout hasard pour un job chez Pyxis, qui lui permettrait au moins de ne plus squatter chez sa sœur. Surpris d’avoir été retenu, il s’engage sur cette voie nouvelle d’un pas hésitant.
Elle sait exactement ce qu’elle veut faire. Lui n’en a aucune idée. D’un extrême à l’autre se dessine le portrait de la génération Y, pour qui tout semble à durée déterminée…
Samantha Bailly vit à Paris et se consacre pleinement à l’écriture. Après Les Stagiaires, À durée déterminée est sa deuxième incursion dans l’univers d’Ophélie Dubois.
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