[BD] Les Vents Ovales, tome 1 : quand Tripp nous offre un Magasin Général dans le Sud-Ouest de la France (Aire Libre / Dupuis)
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que l’on a ouvert Les Vents Ovales, dont le premier des trois tomes, Yveline vient de paraitre. En effet, on connaissait l’immense talent de conteur de Jean-Louis Tripp qui nous avait longtemps régalés avec Régis Loisel à travers Magasin Général, qui faisait le feuilleton de la vie d’un petit village québécois dans les années 20.
Cette fois associé à Aude Mermilliod au scénario, c’est dans la campagne française pré-1968, dans le Sud-Ouest, qu’il nous emmène. Là, deux villages jouent une véritable pièce de théâtre où le rugby tient lieu de religion, mais pas que. Peuplée de très nombreux personnages, l’histoire joue une partition incroyablement riche et subtile. Un récit qui fait beaucoup de bien, que l’on lit d’une traite tant il est bien écrit. Et que dire du dessin lumineux d’Horne qui donne un véritable souffle de vie aux Vents Ovales. Un trait inspiré qui habite de la plus belle façon ce premier album.
Un coup de coeur à découvrir en librairie !
Extrait de la BD :
Désarroi à Larroque et Castelnau, deux villages reliés par un pont qui enjambe la Garonne : leurs garçons forment deux véritables équipes de bras cassés, un peu plus mauvais à chaque match. Pas motivés, les pitchouns. Pourtant, dans le Sud-Ouest, la culture du rugby est une religion : à chaque village son club, à chaque dimanche ses affrontements et ses réconciliations. Les entraîneurs sont instituteurs, petits patrons, curés…
Les Vents ovales, c’est une histoire d’émancipation dans l’ambiance de la campagne française de la fin des années 60, ce goût du terroir avec accent, cette société traversée par les récits de la guerre et de la Résistance, cette dichotomie Gaullistes-Communistes, cette hiérarchie sociale illustrée par la DS du patron, la 2cv de l’inscrit, la Renault 16 du pharmacien, tout cela se fissurant, puis explosant sous la pression de cette jeunesse du baby boom qui accédait d’un coup massivement à l’enseignement supérieur.
Mais les années 60 touchent à leur fin, et avec elles, l’emprise de ces figures d’autorité qui s’opposent et ne comprennent plus leurs jeunes : dans un an, ce sera mai 68.
JL Tripp renoue avec une ambiance proche de sa série à succès Magasin général qui évoque le quotidien des habitants d’un petit village. Associé à Aude Mermilliod (Le Choeur des femmes) au scénario, il tisse un récit sensible et touchant porté par le trait vibrant d’Horne Perreard.