Bienvenue à Calais : un livre indigné et humanisant qui nous parle des migrants (Actes Sud)
La « jungle » de Calais. Au cœur de l’actualité en début d’année, la temporalité médiatique l’a poussée hors-champs. Aucun sujet ne peut rester trop longtemps à la Une ou à l’écran, le téléspectateur se lasse et s’énerve. Elle est toujours là pourtant. Des hommes et des femmes regroupés dans un camp au nord de la ville de Calais, en attente sous des tentes ou dans des conteneurs. Un problème inextricable. Bienvenue à Calais (actes Sud), un livre indigné et engagé de Marie–Françoise Colombani, illustré par Damien Roudeau.
1 million, c’est le nombre de réfugiés arrivés en Europe en 2015. 3375 sont morts en mer. D’autres ont survécu à la traversée mais restent bloqués à la frontière du pays qu’ils espéraient rejoindre. La « jungle » de Calais, camp sauvage et insalubre, est le fruit de ce barrage. Entre 3500 et 5000 migrants y stationnent dans l’espoir de rejoindre l’Eldorado : l’Angleterre.
Un concentré de tragédie heureusement court […]
Ces hommes sont sans visage, non seulement parce qu’il est interdit de les prendre en photo de face mais parce qu’ils ont tous une histoire et que personne ne la connait. Ils ne sont plus des individus, ils sont un groupe : celui des migrants. Ce texte les « réhumanise ».
Marie-Françoise Colombani a parlé avec eux, elle a récolté des pans de leur vie pour nous les transmettre. Il s’agit essentiellement de morts, de pertes, de douleur et parfois, parfois, d’un sourire d’un espoir. Un concentré de tragédie heureusement court, mais aurions-nous pu le supporter autrement.
C’est un appel à la prise de conscience et à l’action. Un cri de colère comme si elle avait honte pour nous tous de notre inertie. Une mobilisation existe. Des associations sont présentes : le Centre Jules-Ferry, l’Auberge des migrants, MSF et d’autres sont sur place pour distribuer les repas, trier les vêtements, construire des structures en bois. Les bénévoles aussi : il y a ceux qui sortent leurs crayons pour divertir les enfants, ceux qui se battent pour qu’ils puissent rejoindre leur famille en Angleterre, ceux qui distribuent des médicaments … mais la situation reste terrible pour ces migrants qui tentent de s’accrocher à des camions le soir au risque de leur vie pour atteindre l’Angleterre si proche et si loin.
C’est un tout petit livre qui tour à tour pointe du stylo la misère et la beauté. Mais la misère l’emporte. Marie-Françoise Colombani nous prend par les sentiments.
Textes et croquis, sur le vif, pour écrire et décrire la situation des migrants à Calais. Ce livre est le fruit d’une immersion des coauteurs dans ce « no man’s land » pour donner à un problème politique et social, des noms, des visages, des souffrances, des rêves.
