Charmer, s’égarer et mourir, la vie de Marie-Antoinette ressentie par Christine Orban (Albin Michel)
Christine Orban a été littéralement subjuguée par le personnage de Marie-Antoinette. Elle nous dévoile sa vie de l’âge de 14 ans à sa mort. Même si on connaît tous l’histoire de Marie-Antoinette, Charmer, s’égarer et mourir est un livre palpitant.
Christine Orban a su se mettre à la place de cette toute jeune fille arrivant en France, et étant abandonnée du jour au lendemain par sa propre famille. Ses comportements enfantins nous semblent tout à fait normaux, mais pour l’époque, ils étaient inadmissibles. Une Reine devait avoir un tout autre comportement. La vie de Marie-Antoinette a fait déjà couler beaucoup d’encre. Mais cette fois-ci, l’auteur semble s’attaquer à des détails qui revêtent une importance particulière. Marie-Antoinette avait-elle vraiment conscience de sa vie si fastueuse ? de ses caprices gigantesques ? Savait-elle seulement comment les gens vivaient dans la rue ?
M-A n’a pas su vivre, mais elle a su mourir, avec dignité.
Dans ce livre, très bien référencé, on découvre une Marie-Antoinette presque ensorcelante avec les hommes, malheureuse en couple avec le Roi Louis XVI, jusqu’au jour où elle comprit qu’elle était très attachée à lui. Bien sûr la vie de M-A ne fut pas celle d’une sainte, bien sûr elle a été frivole, dépensière, légère et immature ! Mais quand on lit Christine Orban, on lui trouve des excuses à cette jeune femme. La vie d’une reine y est très bien décrite et je suppose qu’aucune de nous aimerait prendre sa place, même au temps de sa splendeur. Elle connut une vie terrible et se découvrit vraiment elle-même après le Révolution. Fallait-il autant de souffrances pour arriver à être soi ?
Christine Orban nous révèle des faits très précis, très bien documentés et essaie de ne pas juger celle qu’elle nomme M-A. A la toute fin du livre, on imagine combien l’auteur s’est investie en M-A pour tenter de la comprendre, surtout sur les dernières années de sa vie. Elle a en quelque sorte investi l’esprit de la reine et nous a fait partager ses ressentis de façon très intime, en tant que femme. Comme l’aurait fait sa meilleure amie, sa confidente. M-A n’a pas su vivre, mais elle a su mourir, avec dignité. Une phrase terrible qui résume la vie de Marie-Antoinette.
Un livre qu’on avale à toute vitesse, légèrement au début et de plus en plus émotionnellement à la fin. On découvre sous les traits de Marie-Antoinette, une femme et non seulement une reine.
Quelques extraits du livre :
p.96 : L’accumulation des informations rend M-A vivante dans mon esprit, au point de penser à elle comme à une personne proche. Etais-je en plein contre-transfert ? J’appelle J. Si vous êtes rompu à cet exercice, vous savez ce dont il s’agit. L’analyse en répond émotionnellement aux affects qu’il provoque chez son patient. Les sentiments qui la traversaient m’inondaient.
p.109 : J’avais secrètement espéré ne pas tomber sous le charme de M-A comme la plupart de mes illustres prédécesseurs. Je me souvenais du conseil de Flaubert à Ernest Feydeau : « Quand on écrit une biographie d’un ami on doit le faire du point de vue de sa vengeance. » Pourtant, à mesure que j’avance, je ne peux que donner tort à Flaubert tant la punition infligée à la reine est disproportionnée comparée à ses fautes.
Date de parution : avril 2016
Auteur : Christine Orban
Editeur : Albin Michel
Prix : 19,50 € (304 pages)
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