Le Mardi 2 Février 2021 à 14h a eu lieu sur la Scène Nationale d’Angoulême la représentation à huis-clos du spectacle Chronic(s)2. Créé 20 ans après le premier opus Chronic(s), cette nouvelle collaboration entre Michel Schweizer et le chorégraphe et danseur Hamid Ben Mahi est un seul en scène qui mélange récits de vie et passages dansés dans un récit autobiographique sincère et émouvant. L’assistance professionnelle composée notamment de journalistes a pu applaudir avec entrain ce petit coin de ciel bleu dans un contexte sociétal bien morose.
Une vie dans le rétroviseur
En 2001, Chronics donnait le ton quant à un nouveau genre chorégraphique. Hamid Ben Mahi livrait déjà un solo pour éveiller les consciences en questionnant l’identité du danseur par le biais de son histoire personnelle, lui qui a débuté au Conservatoire national de région de Bordeaux par le biais du hip hop pour y faire du jazz. Il emmène la danse hip hop, au fil des ses créations, sur des chemins nouveaux. Le deuxième chapitre est une nouvelle collaboration avec le chorégraphe Michel Schweizer pour un spectacle émouvant et sincère. Hamid Ben Mahi y invoque sa famille venue d’Algérie et ses expériences en tant que danseur ou enseignant. Il se place cette fois-ci sous un angle plus porté sur la transmission. Il se met en scène en train d’enseigner des techniques de breakdance à un jeune public et réalise lui-même quelques prestations dansées enthousiasmantes par leur parfaite maitrise et l’harmonie des mouvements. Hamid Ben Mahi interroge l’identité profonde de chaque individu en invoquant son vécu, avec une humilité qui ravit et une sincérité dont aucun spectateur ne peut douter. Il suffit de lui parler quelques instants pour comprendre à quel point l’homme est accessible autant que humble. Le travail allie art du mouvement et choix de textes pour une création généreuse qui pourra être visible un jour à un plus large public. Des dates de spectacles seront communiquées en temps voulu, une fois les salles ouvertes à nouveau.
Publireportage: La Compagnie Hors Série a été fondée et dirigée par le chorégraphe et danseur bordelais Hamid Ben Mahi. Elle est installée sur Bordeaux depuis plus de 20 ans. Elle développe une recherche visant à mettre en question la danse hip hop en repoussant création après création les frontières de cette danse. Le chorégraphe a su se confronter à d’autres disciplines artistiques, bousculer les codes de la danse contemporaine visant à inscrire sa démarche artistique dans l’histoire de la danse.
Inclassable, bien qu’inscrit dans le champ chorégraphique, Michel Schweizer opère dans ses différentes créations, un croisement naturel entre la scène, les arts plastiques et une certaine idée de « l’entreprise ». Sa pratique consiste à décaler les énoncés et à réinjecter une réalité sociétale ou humaine sur scène, en admettant avec pessimisme ce qu’on ne peut admettre : les institutions culturelles et les oeuvres sont une affaires de « business ». Depuis plus de 18 ans, il convoque et organise des communautés provisoires. S’applique à en mesurer les degrés d’épuisement. Ordonne une partition au plus près du réel. Se joue des limites et enjeux relationnels qu’entretiennent l’art, le politique et l’économie. Porte un regard caustique sur la marchandisation de l’individu et du langage. Se pose surtout en organisateur. Provoque la rencontre. Nous invite à partager une expérience dont le bénéfice dépendrait de notre capacité à accueillir l’autre, à lui accorder une place. Cela présupposant ceci : être capable de cultiver la perte plutôt que l’avoir.