Crescendo : Unless, un très joli enfumage en libre écoute
Il nous est impossible de dissiper les fumées colorées s’échappant de Unless, second album de Crescendo, jeune formation originaire de Los Angeles. Sitôt la mécanique lancée par les quelques notes électroniques se faisant de plus en plus aigües lors de la première piste d’introduction (ou de décollage), nos oreilles se retrouvent comme happées par l’enchainement de ces mélodies chimériques aux rythmes abrupts et empressés.
Crescendo avait déjà sorti un premier opus, Lost Thougths, en 2014. Leur deuxième essai semble atteindre une forme de pureté. Rien n’est finalement très risqué dans le choix et la structure de la majeure partie de leurs compositions shoegaze, mais nous nous en moquons, nous rêvons, et ce, même si c’est en urgence. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Gregory Cole, leader du groupe, utilise le terme hybride « dreamgaze » pour qualifier la musique de son groupe. Ce néologisme tente de nous expliquer pourquoi l’énergie sans répit des cordes grattées de Crescendo se voit parfois accorder quelques cocons protecteurs.
[U]ne forme de pureté
Sur l’excellent titre Haunted, une élégante nappe de synthé se mêle aux phrases aériennes de Olive Kimoto afin de reposer nos oreilles euphoriques. Jusqu’à cette douce interruption sonore, tout nous semblait abordable et possible. « Unless (à moins que) est le mot que l’on utilise pour commencer les conversations qui changent les obstacles et les prouesses impossibles » nous explique le groupe, sur le site de leur label We Were Never Being Boring.
En écoutant Unless, il s’agit ainsi de rechercher le plaisir propre à nos songes les plus agréables et de tâcher d’apprécier sereinement et humblement ces mélodies à la fois évanescentes et énergiques, semblant vouloir renverser délicatement des montagnes.
Et rien de mieux que de le faire de manière nocturne, dans l’obscurité, dans le noir de la nuit, pourquoi pas à Los Angeles, si on peut. Puis, s’en échapper, en recherchant ces fumées colorées, et ne plus pouvoir s’en défaire.