Deux cigarettes dans le noir, un thriller palpitant et un bel hommage à Pina Bausch (Editions Belfond)
Julien Dufresne-Lamy nous captive avec son dernier livre Deux cigarettes dans le noir. C’est l’histoire d’une jeune femme, Clémentine, qui vient de mettre au monde, un enfant et qui est persuadée avoir tué Pina Bausch alors qu’elle roulait vers la maternité.
Scénario hallucinant et palpitant
Tout au long du livre, le lecteur est captivé. L’histoire de Clémentine, sa vie, sa maternité, ses folies, et son obsession quant au fait d’être devenue à la fois mère et meurtrière. C’est Clémentine qui parle, qui se livre à nous. Clémentine vit seule, accouche seule, s’enferme seule avec son bébé durant des mois. Plus le temps passe, plus elle se sent coupable. Le seul remède qu’elle trouve est de se rapprocher de Pina Bausch. Elle l’a tuée, mais qui était donc Pina ? Elle va parcourir les bibliothèques, et « avaler » tous les livres la concernant. Clémentine va passer des heures à regarder Pina danser, voir et revoir les rares DVD où l’on voit Pina à l’œuvre. Pina est non seulement son obsession mais sa raison de vivre.
Très belle écriture sur la femme
On pourrait être surpris que l’auteur soit un homme. Julien Dufresne-Lamy décrit tellement bien la femme, la maternité, l’accouchement, les souffrances tant morales que physiques de la femme, qu’on est un peu troublé ! Deux cigarettes dans le noir est un roman centré sur la femme. D’une part Clémentine et d’autre part Pina Bausch. Et puis cette intrigue : Clémentine a-t-elle réellement tué Pina ? La danse de Pina permet à Clémentine de s’évader de sa pauvre vie où le quotidien ne lui réserve aucune surprise agréable. Avec Pina, elle rêve ! Même si souvent son rêve est en réalité un cauchemar car elle est coupable de l’avoir tuée.
La femme, la maternité, la danse, la folie…
Les thèmes abordés le sont sous des angles originaux. On passe de la pauvre vie de Clémentine, ouvrière dans une usine de parfum, à celle de Pina, qui a travaillé dur toute sa vie, consacré sa vie à la danse et exiger de ses danseurs d’aller jusqu’au bout d’eux-mêmes.
Publik’Art a aimé ce mélange de genre. Clémentine aussi va jusqu’au bout de ce qu’elle pense être bon pour son enfant : pas de lait, pas de docteur, pas de médicament… Une attitude complètement folle mais qui, pour Clémentine, est la seule bienveillante. Barnabé doit être à l’abri de la société… Clémentine a été adoptée. Etre mère, elle ne sait pas vraiment ce que cela signifie. Clémentine souffre dans sa vie sociale et veut protéger son enfant. Quant à son bonheur, elle n’y pense même pas ! Et elle n’en veut à personne, même pas au père de Barnabé qui a disparu du jour au lendemain… sans laisser de traces…
Le style est percutant. Les mots sonnent toujours très juste, même si le côté obsessionnel de Clémentine est répétitif. Et la fin est un bouquet d’artifice ! Tout s’enchaine comme un puzzle où les dernières pièces donnent sens au tableau.
A travers Clémentine, l’auteur rend un très bel hommage à Pina Bausch ! On la découvre sous de nouvelles facettes. Elle qui n’aimait pas se dévoiler, Clémentine n’hésite pas à la déshabiller, à chaque page un peu plus… Un génie, une chorégraphe et une danseuse reconnue dans le monde entier.
Deux cigarettes dans le noir, le nom d’une œuvre de Pina Bausch, se lit à toute vitesse et Julien Dufresne-Lamy nous emporte très loin de notre quotidien ! Un très bon moment de lecture !
Clémentine travaille dans une usine de parfum. Elle attend un enfant.
Au moment d’accoucher elle prend sa voiture, et dans la douleur de son corps sur le point d’en faire naître un autre, elle en percute un troisième. Sur la chaussée. La douleur fait fermer les yeux. Pas le temps de s’arrêter. Quelques minutes plus tard, elle est déjà en salle de travail.
De retour à la maison seule avec son bébé, elle apprend la mort deux jours plus tôt, à Paris, de la chorégraphe Pina Bausch. Clémentine se souvient : une silhouette maigre, de longs cheveux gris – c’est Pina qu’elle a fauchée. Elle a tué un génie en mettant au monde son enfant. Dépression post-partum ou véritable accident ? Clémentine, sidérée, se laisse happer par l’univers de la danseuse disparue. Elle emprunte les films de ses ballets à la médiathèque du quartier, les visionne inlassablement tout en allaitant Barnabé. Bientôt, il faudra reprendre le chemin de l’usine.
Tandis que Barnabé vit ses premières semaines contre le sein de sa mère, privé de tout contact extérieur, Clémentine vit ses premières heures devant Pina qui va l’éveiller à quelque chose. Mais quoi ? La maternité et la danse, la vie, la mort se côtoient dans le troisième roman du jeune Julien Dufresne-Lamy.
L’auteur
Julien Dufresne-Lamy est né en 1987. Il est déjà l’auteur de deux romans, dont un pour la jeunesse, Dans ma tête, je m’appelle Alice (Stock, 2012) et Mauvais joueurs (Actes Sud junior, 2016). Il enseigne les lettres en région parisienne.
Date de parution : le 12 janvier 2017
Auteur : Julien Dufresne-Lamy
Editeur : Editions Belfond
Prix : 19€ (304 pages)
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