Django, un biopic délicat et captivant
Si Django Reinhardt a marqué à jamais l’histoire de la guitare et du jazz de son influence novatrice, le réalisateur novice Etienne Comar n’a pas pour autant voulu retracer son existence toute entière en la survolant au compte gouttes. Il a choisi au contraire de se concentrer sur une époque charnière au coeur de la seconde guerre mondiale pour faire ressentir l’intensité insouciante du guitariste manouche confronté à un occupant nazi dangereux voire mortel. Pour l’interpréter, le choix de Reda Kateb fleure bon l’évidence tant sa prestation semble naturelle et habitée. Le film alterne entre plages musicales et langueur tourmentée pour un résultat aux frontières de l’envoutement.
Une existence méconnue
Si le nom de Django Reinhardt parle à tout le monde, peu de gens en savent vraiment plus de lui au delà de sa maitrise parfaite de la guitare. Le film Django relate 3 années charnières dans son existence en s’intéressant de près aux implications de l’occupation nazie. Les conséquences tragiques sur la communauté tzigane, le voyage romanesque du guitariste à Thonon-les-bains et son attitude retorse jusqu’à la fuite en Suisse voisine, le réalisateur Etienne Comar synthétise toute sa vie dans des évènements marquants. Et avec le sourire de Reda Kateb, l’incarnation revêt un charme certain. Le personnage enquille les cigarettes et semble observer l’action dans un détachement nonchalant, faisant hésiter sur son attitude entre retrait, légèreté et lucidité. Les sentiments s’entrechoquent jusqu’à la complète prise de conscience des intentions nazies et un regard changé à jamais sur les choses de ce monde. Aux côtés de l’acteur, Cécile de France incarne l’héroïne hypnotisée par le charisme du musicien, obligée de frayer avec l’occupant pour conserver sa place sociale. Les acteurs incarnant la communauté tzigane sont en grande partie non professionnels pour une vraie impression d’authenticité et une émotion palpable.
Des scènes charnières
Le film s’articule entre des scènes musicales qui parsèment le film et le structurent. Le premier concert à Pigalle fait découvrir le musicien accompli, la prestation dans un bar chiche de Thonon souligne le dénuement enchanté, le récital dans une réception nazie révèle les noirs desseins de l’occupant et le concert final invoque le souvenir des disparus. Le requiem final est d’autant plus émouvant qu’il n’en reste que quelques fragments de la partition originale perdue à jamais. Entre les moments de musique, le biopic choisit la lenteur d’un temps fait d’incertitude et de périls tapis dans l’ombre. Pas d’action spectaculaire ou d’effets visuels clinquants, le ton se veut réaliste et mélancolique, à l’opposé de la postérité flamboyante laissée par le guitariste. Disparu à 43 ans, Django Reinhardt ne cesse d’inspirer de nouvelles générations de musiciens et le biopic permet d’en savoir plus sur celui qui semblait manier l’instrument avec autant de dextérité que de facilité.
Le charme indéniable du biopic Django permet aux interprètes de raconter une histoire de survie et de mélancolie dans une ambiance tant réaliste que tragique. La scène de fin fait monter des sanglots couverts par une musique émouvante qui invoque le génie du regretté guitariste.
En 1943 pendant l’occupation allemande, le tsigane Django Reinhardt, véritable “guitare héros”, est au sommet de son art. Chaque soir il fait vibrer le tout Paris aux Folies Bergères avec sa musique swing alors qu’en Europe, ses frères sont pourchassés et massacrés. Lorsque la propagande allemande veut l’envoyer à Berlin pour une série de concerts, il sent le danger et décide de s’évader en Suisse aidé par une de ses admiratrices, Louise de Klerk. Pour passer, il se rend à Thonon-les-Bains, sur les bords du lac Léman, avec sa femme enceinte, Naguine et sa mère Negros. Mais l’évasion est plus compliquée que prévue, Django et ses proches se retrouvent plongés dans la guerre. Pendant cette période dramatique, il n’en demeure pas moins un musicien exceptionnel qui résiste avec sa musique, son humour, et qui cherche à approcher la perfection musicale…
Sortie : le 26 avril 2017
Durée : 1h55
Réalisateur : Etienne Comar
Avec : Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya
Genre : Biopic
https://youtu.be/81gQfGIATwo
film remarquable et par les temps qui courent une bonne leçon d’humanité et de fraternité…. dommage que tous les humains ne soient pas si solidaires et soient si racistes , on voit bien que la différence dérangeait déjà , pourquoi aujourd’hui peu de chose ont changé et que c’est même pire par endroit, si seulement la musique pouvait rendre les hommes plus tolérants avec autrui !! un film que je n’oublierai jamais et j’espère qu’il aura des « oscars » ou d’autres récompenses qu’il mérite au centuple. Merci aux acteurs, réalisateur, j’ai eu 2 heures de pur bonheur