Eblouissante et tragique BD Cyparis, le prisonnier de Saint Pierre (Editions La Boîte à Bulles)
Lucas Vallerie entreprend le récit d’une catastrophe qui a marquée l’histoire par l’ampleur de son bilan. A travers le destin de quelques protagonistes, le souvenir de la ville de Saint Pierre est invoqué ainsi que celui des 30 000 personnes qui ont périt suite à l’éruption de la Montagne Pelée. Colons blancs et locaux cohabitent dans une sorte de paradis où les habitants rivalisent de truculence au milieu des joutes de pouvoir et de gouvernants incapables de prendre la mesure du drame qui se prépare. Cyparis est le personnage principal, ouvrier agricole qui devient un des seuls survivants de la catastrophe. Lucas Vallerie est au dessin et au scénario pour une BD qui impressionne par sa riche documentation et la tension entretenue jusqu’au bout.
Un pan oublié de l’histoire
Quand la jeune nièce d’un notable de Saint Pierre débarque en Martinique, elle n’imagine pas le cours que va prendre son destin. Subjuguée par la beauté de la ville et sa luxuriance, elle visite les lieux et se fait happer par son ambiance légère et colorée. Locaux et coloniaux cohabitent dans un intérêt mutuel bien compris. Aux immigrés blancs la richesse, aux indigènes la joie de vivre. A l’ombre de la Montagne Pelée, Saint Pierre et ses habitants prospèrent. Mais c’est sans compter sur l’implacabilité d’une nature aveugle. La BD se déroule au rythme de la terre qui tremble et des signes avant coureurs du drame à venir. Les scientifiques ont beau alerter les autorités, l’imminence des élections occupe tous les esprits. Du 1er avril au 8 mai 1902, rien n’y fait, ni les pluies de cendres, ni les coulées de boues ni la terre qui tremble ne décident à une évacuation des habitants. Lucas Vallerie insiste sur l’aveuglement collectif et l’absence de tout principe de précaution. Dans sa prison, Cyparis assiste impuissant à la disparition d’une ville entière et de ses habitants. Sorte de BD catastrophe, Cyparis, le prisonnier de Saint Pierre fait froid dans le dos.
Une BD à lire absolument
Par la précision de son dessin et son panorama historique, cette BD est tout bonnement impressionnante. Sa lecture suscite l’émoi et l’émotion avec ces destins brisés par un évènement équivalent à un Pompéi moderne. Les préoccupations quotidiennes et les luttes intestines semblent bien futiles quand tout s’achève sous la cendre. Lucas Vallerie fait réfléchir sur l’insignifiance de la vie humaine face à une nature imprévisible. Le lecteur aimerait dire aux personnages de fuir mais rien n’y fait. L’histoire s’est achevée avec une hécatombe collective que la BD invoque comme un souvenir à garder à l’esprit.
Cyparis, le prisonnier de Saint Pierre est une des BD’s de la rentrée à lire absolument. Un moment d’histoire éprouvant mais ô combien nécessaire.
Ah, la Martinique ! Saint Pierre, son jardin botanique, son port, son marché et ses rues pittoresques, sa végétation luxuriante, sa montagne Pelée… À l’aube du XXe siècle, les Occidentaux de tous horizons se pressent sur les côtes de cette colonie française pleine de charmes et d’avenir. Mais au printemps 1902, ce n’est pas l’exquis parfum du rhum et des plantes exotiques qu’exhale l’île au fleurs mais celui, nauséabond, du soufre. Et que dire des inquiétantes fumerolles qui s’échappent du sommet de la montagne Pelée ? Mais le maire et le gouverneur ont plus important à faire : préparer les élections législatives ! Et peu importe les signes envoyés par la montagne… Tandis que toute la ville est en émoi, Louis-Auguste Cyparis, condamné au cachot, attend impatiemment que l’on veuille bien le libérer. Il ne sait pas encore que cette cellule étriquée lui sauvera la vie et fera de sa destinée une légende… Un pan marquant de l’histoire de la Martinique magnifiquement mis en images et en couleur… Un premier album absolument superbe et maîtrisé !
Date de parution : Septembre 2017
Scénariste(s) : Lucas Vallerie
Dessinateur(s) : Lucas Vallerie
Genre : Historique
Editeur : La Boite à Bulles
Prix : 32 € (256 pages)
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Bonjour et merci pour cette belle chronique qui me va droit au coeur !