Endless, premier album ambitieux et cosmique du duo électronique Tale of US
Endless, premier album ambitieux et cosmique du duo électronique Tale of US
Davantage habitué aux dancefloors et ambiances des clubs, à partir desquels il a construit sa réputation, Tale Of Us, le duo électronique italien qui rassemble Matteo Milleri et Carmine Conte, avait surpris ses nombreux fans en février dernier. L’annonce de la publication de son tout premier LP sous le label Deutsche Grammophon, habituellement réservé à la musique classique, avait en effet tout pour déconcerter. Endless est sorti le vendredi 31 mars dernier.
Cette association a priori audacieuse parait déjà moins incongrue quand on apprend que les deux compères, ayant fui Milan pour les nuits berlinoises en 2009, ont grandi entourés par la musique classique et sont notamment fans du compositeur de musique « post-minimaliste » Max Richter (produit lui-même par le même label) ou encore du compositeur italien Ludovico Einaudi. « Le choix s’est porté tout naturellement sur Deutsche Grammophon. La musique classique joue un rôle important dans notre vie et elle nous semble avoir actuellement le vent en poupe. » nous apprenaient-ils sur le site du label il y a peu. (voir ici)
Cette union est définitivement moins surprenante lorsqu’à l’écoute de Endless, les morceaux de l’album se développent précieusement comme autant de compositions mixant sonorités et instruments classiques (subtiles touches de piano, cordes) à des textures électroniques ambient. Le tout formant une expérience auditive et émotionnelle aux frontières peu définies, mais ne dépareillant en rien avec l’expérience d’écoute d’une œuvre plus classique.
Bien loin de la techno house dont le duo est familier, les compositions proposées par Tale of Us procèdent ici comme autant de pièces aux harmonies résonnantes échouées au large de galaxies encore inexplorées. Elles portent une grande finesse, semblable à la prudence et à la précaution d’explorateurs ne souhaitant pas lever le voile d’un coup sur leurs aventures, mais agissant par petite touche de peur de tout dévoiler, et craignant même la portée de leurs propres découvertes. Sur le très beau morceau Distante (sur la toile depuis 2014 et que le duo a décidé d’inclure dans ce nouveau projet) le piano explore timidement, avance en funambule entre de lourdes lames électro. L’œuvre, dans son intégralité, invite à méditer à de nouveaux horizons étoilés, loin du terre-à-terre. Même si elles contiennent dans le même temps une certaine introspection pleine de pudeur et parfois propice à la répétition de mêmes boucles sonores qui peut parfois nous faire nous impatienter, comme sur le morceau Ricordi.
En performance live, Tale of Us prend encore une autre dimension en s’associant au media artist italien Davide Quayola dont les œuvres visuelles lient ces compositions musicales lunaires à l’image, en proposant une expérience graphique immersive autour de créations retravaillant les œuvres de peintres impressionnistes.
Alors que l’actualité spatiale nous apprend l’existence de plus en plus certaine d’exoplanètes, écouter Endless de Tale Of Us c’est se retrouver quelque peu travaillé par ce sentiment de contingence face à l’immensité. Avec un gout d’inexploré en tête, mais la certitude d’avoir goûté de près ou de loin à une nouvelle phase de l’exploration.
Endless, premier album de Tale of Us, paru le 31 mars dernier sous le label Deutsche Grammophon
Tale of US est annoncé dans la programmation de plusieurs festivals estivaux tels que Solidays (23-25 juin à l’Hippodrome de Longchamp Paris), Garorock (30 juin – 2 Juillet à Marmande), La Route du Rock (17-20 août à Saint-Malo)
Bonne recension trés utile. On peut voir une belle vidéo de D Quayola à Chaumont jusqu’en Novembre.