Eparse, une foule de confessions émouvantes de Lisa Balavoine (JC Lattès)
Lisa Balavoine donne un titre à son premier roman qui lui correspond parfaitement, Eparse. Selon le dictionnaire Larousse, éparse signifie : répandu de tous côtés, dispersé, en désordre.
Une multitude de vérités
Lisa Balavoine se confie de façon éparse, le tout en musique. Pas de sens logique à ses écrits et à ses confidences. Mais toujours du vrai, du ressenti, du vécu semble-t-il. Même son style est volontairement fragmenté, sans signe de ponctuation, avec des enfilades de verbes ou de noms qui peuvent donner le vertige. Pas de chapitres non plus. Juste des paragraphes qui se suivent mais qui sont sans rapport direct. Cela peut paraître à première vue surprenant, mais la lecture en est très agréable et facile. Lisa est née dans les années 70 et tous ses souvenirs d’enfance, nous les avons naturellement connus ! C’est à la fois très drôle avec une pointe de nostalgie. Aujourd’hui, Lisa a la quarantaine, et dresse un peu un bilan de sa vie, surtout sa vie amoureuse. Tout y passe : ses rencontres, ses amants, les réactions de ses enfants, leurs commentaires sur elle-même. Elle ne s’épargne pas. Et au fil des pages, on la découvre sans détours. Sans faux-semblants. Lisa manie la langue française avec agilité et surtout créativité. Elle est à l’origine de nouveaux mots, comme Rupturlute (p.109 rupture brutale, à s’en ôter les mots de la bouche)… Toujours beaucoup d’humour chez l’auteur !
Beaucoup d’auto-dérision et d’humour
Publik’Art a été très sensible à cette écriture originale et si humaine. Une femme qui parle au nom de toutes les femmes, avec sa sensibilité, son affection, et qui nous confie tout en vrac, ses souvenirs d’enfance, ses vérités, ses souffrances, les relations difficiles avec sa mère, avec ses amants, ses regrets et sa nostalgie. Comme si la vie filait bien trop vite pour elle et que personne ne l’avait prévenue que ça se passerait ainsi… C’est tellement vrai que le lecteur se sent directement impliqué dans cet examen de conscience très particulier… Chacun piochera ce qui lui correspond au fil des pages…
Oui, Lisa Balavoine, Publik’Art a été sensible à votre côté enfantin qui s’étiole au fil des années mais que nous voudriez ne jamais perdre. Et comme vous avez raison ! Ne pas se prendre au sérieux en tant que femme est une véritable force !
On attend déjà avec impatience votre deuxième roman, Lisa !
Extraits
Si je ne devais garder qu’un seul roman, je serais bien emmerdée, mais je crois tout de même qu’il s’agirait de Haute fidélité, de Nick Hornby : des listes, de la musique et des histoires d’amour ratées. Un bon résumé de ma vie. P.74
Quand j’ai gagné le premier prix à un concours de lettres d’amour, la mienne était remplie de mots écrits pour personne. P.89
Après une énième conversation téléphonique ressemblant à toutes les précédentes, j’ai dit à ma mère que, dans l’éventualité de son décès, je ne pouvais pas lui assurer que je serais triste. P.105
Enfant, j’étais jalouse de Martine. Ses parents s’aimaient, elle habitait une grande maison, elle avait un petit frère, un chien et même une tortue, elle faisait de la danse, du théâtre et du ski et partait en vacances dans une voiture décapotable. En vrai, je la détestais. P.127
Un jour, après que j’ai récupéré ma fille au collège, elle m’a dit : « J’ai plusieurs copines qui adorent Daft Punk, mais comme toi aussi tu les écoutes, je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est de la musique de vieux. » P.155
Exclusivisme (n.m) : droit imaginaire que l’on s’octroie de posséder l’amour exclusif de quelqu’un que l’on aime à l’exclusivité de tout autre. P.220
Convoquant la mémoire de chansons, de films, d’événements emblématiques des années 80 à aujourd’hui, entremêlant souvenirs de jeunesse et instantanés de sa vie quotidienne, elle fait de son histoire intime un récit dans lequel chacun peut se reconnaître. Car les questions qu’elle pose (sur l’éternel recommencement de l’amour, sur les héritages et la transmission…) sont les nôtres. Car ses doutes, ses joies, ses peines fugaces ou durables, nous les connaissons. Car les inventaires audacieux qu’elle propose (description à la Perec d’un tiroir de salle de bain, arguments pour ou contre la vie de couple, liste de ses phobies, déclarations d’amour aux acteurs qu’elle a aimés…) nous renvoient à nos propres obsessions.
Telle est la prouesse de ce livre : à mesure que l’auteur rassemble les morceaux de son puzzle personnel et tente l’autopsie de la première moitié de sa vie, c’est le lecteur qui se redécouvre lui-même.
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