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Fragments de lucidité ou quand J. L. Servan Schreiber pense le monde en costume de vieux sage (Fayard)

J. L. Servan Schreiber
J. L. Servan Schreiber © cles.com

Fragments de lucidité ou quand J. L. Servan Schreiber pense le monde en costume de vieux sage (Fayard)

Jean-Louis Servan-Schreiber est un monument de la presse française. Avec sa femme, il crée en 2010 le très beau magazine CLES (« trouver du sens, retrouver du temps »). Une aventure qui s’est malheureusement arrêtée très récemment à cause de la crise de la presse écrite.

Pourtant, il n’en était pas à son premier coup, il avait précédemment dirigé L’Expansion, Psychologies, l’Express et bien d’autres titres. Journaliste et patron de presse mais aussi écrivain, il a déjà publié une quinzaine d’essais. Une activité à laquelle il s’adonne de plus en plus souvent, étant devenu « quasiment allergique à l’actualité ». Les livres en plus de durer lui laissent le temps de la réflexion, l’actualité ne permet ni l’un ni l’autre. « Fragments de lucidité » (ed. Fayard), son dernier essai, nous transporte dans ses pérégrinations spirituelles du moment.

J. L. Servan-Schreiber fouille la métaphysique de la vie : le savoir, la postérité, la fugacité, l’oubli …La richesse des sujets abordés contraste avec le peu d’arguments déployés. C’est un choix, bien sûr. Parce que cet essai que nous tenons en main n’est pas philosophique, à peine didactique. J. L. Servan Schreiber partage avec nous les pensées, les conseils que lui souffle sa lucidité. Une lucidité qu’il tient pour certaine et qu’il chérit bien qu’elle soit lourde à porter. Elle ne reste cependant qu’un point de vue certes appuyé sur une vie riche d’expériences.

Sa clairvoyance ne laisse effectivement pas de doutes. S’avouer qu’il sait qu’il ne sait rien, souligner l’éloignement de l’autre même le familier, même l’ami, accepter que nous sommes éphémères ou encore se questionner sur l’omniprésence du divertissement, autrefois figurant, devenu protagoniste dans le film de notre vie. A tous ces questionnements, il répond par la résilience. A-t-il lutté contre le monde lorsqu’il était jeune ? Aujourd’hui en tout cas, il l’accepte tel qu’il est.

Il adopte la posture du vieux sage. Peut-être l’est-il vraiment. Devant un tel étalage de sagesse consciente d’elle-même, le lecteur oscillera entre apaisement et agacement : « pourtant, après quelques années vécues dans ce monde, je commence à entrevoir ce qui compte vraiment », « inutile de le déplorer puisqu’il ne peut en être autrement »… Et d’après lui, le monde va mieux. Aujourd’hui, il est heureux d’y vivre ne serait-ce que pour les progrès médicaux et la diminution de la douleur. C’est inestimable cependant je n’oserai affirmer que le monde va mieux aujourd’hui. Du moins le monde de l’esprit. De la demi hauteur de mes 23 ans, je n’ai pas envie d’acquiescer. Mais il a vécu, pas moi.

Mais si le fond est discutable, la forme est impeccable. Ouvrez ce livre, vous serez entrainé par la limpidité et la fluidité de son écriture. Chapitres courts, multiplication de paragraphes synthétiques plutôt qu’accumulation de pavés. Un plaisir de lecture. Tout est à portée intellectuelle. On sent poindre le journaliste dans ce style accessible et agréable. Et son irréductible bonne humeur atténue la dureté des questions existentielles qu’il ne cesse d’aborder. On en oublierait presque qu’il n’a pas de réponses, que personne n’a de réponses, qu’il n’y a pas de réponses …

[vc_text_separator title= »RESUME DE L’EDITEUR ET INFOS » color= »custom » border_width= »5″ accent_color= »#1e73be »]

« Être désespéré, c’est la moindre des choses quand on se veut lucide. Le monde est compliqué, plus que je ne peux le comprendre. Les autres sont surtout indifférents, parfois hostiles. Ma vie est insignifiante, et si brève. Je n’y peux rien, c’est le réel. Et pourtant je suis plutôt content de vivre. »

Être lucide sur les réalités de l’existence, sur soi-même et continuer à aimer la vie est le défi quotidien de Jean-Louis Servan-Schreiber. Pour lui, la lucidité, notre bouclier contre l’illusion, est indispensable pour ruser avec la déception et l’amertume.

En résultent trente petits chapitres ciselés où chacun pourra trouver en écho ses questionnements intimes.

Accompagné des pingouins philosophes de Xavier Gorce, Jean-Louis Servan Schreiber nous propose d’approcher l’essentiel avec le sourire.

Date de parution : le 11 mai 2016
Auteur : J. L. Servan Schreiber
Editeur : Fayard
Prix : 16,50 € (224 pages)
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NOS NOTES ...
Originalité
Qualité de la réflexion
Qualité de l'écriture
Plaisir de lecture
Fraîchement débarquée sur Publik'art en cette année 2016, Olivia goûte bien trop la littérature, le cinéma et le théâtre ... bref la culture ! pour ne pas s'en mêler par la plume. Ainsi elle vous livre ses analyses sans oublier au passage de saluer bien bas chaque artiste que la critique soit bonne ou mauvaise.
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