Les Indésirables, très beaux portraits de femmes emprisonnées (Flammarion)
Diane Ducret, comme toujours, s’intéresse aux femmes dans son dernier livre : Les Indésirables ! Des femmes hors-normes. Publik’Art avait déjà été passionné par son livre Femmes de dictateurs (Editeur Perrin). Cette fois-ci, Diane Ducret nous dresse des portraits de femmes emprisonnées, en mai 1940, dans des camps français.
L’histoire méconnue de ces femmes
Si Diane Ducret dit bien que ce n’est pas une histoire vraie, elle écrit que son livre est inspiré de plusieurs histoires qui ont eu vraiment lieu. Il est tout à fait vrai qu’en mai 40, l’Etat français a fait interner toutes les femmes étrangères qui s’étaient exilées en France, de peur du danger éventuel qu’elles représentaient. Des juives, des allemandes, des polonaises… Toutes les femmes qui avaient fui le nazisme, qui étaient célibataires, sans enfants, ont été regroupées, par la police française, au Vélodrome d’hiver avant d’être emprisonnées au camp de Gurs, dans les Pyrénées. Environ cinq mille femmes internées. Ce sont elles les Indésirables, celles qui ont eu le courage de fuir Hitler et de venir se réfugier en France.
Au milieu de l’horreur, une amitié extraordinaire
Lise a trente ans, juive, sans enfant, fiancée à Louis. Et Eva, proche de la quarantaine, est allemande. Mais elle a fui l’Allemagne, sa famille et Hitler. Lise et Eva vont s’aider, dès les premières minutes au Veld’Hiv. Et depuis, leur amitié ne fera que croître malgré les conditions horribles de leur détention. Vivre, survivre et continuer à aimer malgré tout.
La lutte des femmes
Lise et Eva, et toutes les femmes du baraquement 25, vont lutter pour sauvegarder leur féminité. Elles sont nombreuses à ne pas vouloir se laisser-aller, à coûte que coûte rester vivante et rester « femme ». Que ce soit des intellectuelles, des bourgeoises, ou de simples femmes, la solidarité bat son plein ! Ensemble, elles combattent contre le froid, la peur, les bêtes, la saleté, la faim, la maladie, la mort. Dans le même camp, se trouvent des espagnols emprisonnés pour avoir osé combattre Franco. Ces hommes vont d’une certaine façon leur sauver la vie, ne serait-ce qu’en les admirant, qu’en les regardant, à travers les barbelés. Au milieu de nulle part, elles vont faire vivre leur Cabaret bleu !
Une page d’Histoire dévoilée
Diacre Ducret a toujours le don de nous faire partager ce qu’elle sait de notre Histoire. Elle écrit tellement bien que l’on pourrait penser qu’elle a elle-même vécu ces situations dans les moindres détails. On imagine l’immense travail de recherche qu’elle a dû accomplir. Qu’elle soit belle ou atroce, Diacre Ducret nous renvoie à la figure notre Histoire. Dans Les Indésirables, l’Histoire est laide, très laide. Et c’est l’Etat français qui est en cause. Pas uniquement Hitler. Et ce que l’auteur décrit fait froid dans le dos. Une page de l’Histoire que l’on ne connaissait pas…
« Le froid a pris tôt cette année, et même à l’intérieur de la baraque, les lèvres deviennent bleues. On compte cet hiver-là plus de morts à Gurs qu’à Buchenwald. » p.269
Ne pas oublier le passé, jamais. Et en connaître toujours davantage pour mieux appréhender le présent. Ne pas oublier ces femmes qui ont lutté pour vivre, pour survivre, dans notre pays.
Les Indésirables est un livre à lire absolument. Merci à Diane Ducret de nous faire partager toutes ses connaissances et de nous les transmettre sous forme de roman qui se lit avec passion et qui nous marque à jamais.
Date de parution : le 1er mars 2017
Auteur : Diane Ducret
Editeur : Flammarion
Prix : 19,90 € (320 pages)
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