Dire que Godard n’était pas un homme simple a tout de la lapalissade. Comme dire que l’artiste ne rentrait dans aucune case. Regarder un film de Godard est fatigant, le rencontrer devait être également une belle gageure. L’auteur s’imagine deviser avec le petit suisse dans des échanges à bâtons rompus, ni fluides ni très accessibles, dans des cases également pas très claires. Le livre est un beau concept, de ceux qui plaisent aux adorateurs du réalisateur parti récemment dans d’autres contrées célestes. Dessins au crayon, portraits, photos, le livre est un véritable fourre tout, comme un labyrinthe dans lequel on doit retrouver son (propre) chemin pour se faire sa (propre) idée. Alors l’auteur imagine, il parle avec JLG, tous d’eux parlent de langage, de son, d’images, de films, de philosophie peut être, de malentendus certainement. Il est beaucoup question de son et d’écoute, plutôt que d’images à regarder. Le discours prend le pas sur la forme de l’image, peut être parce que le message prime toujours sur le procédé. La BD peut, (doit?) se lire en plusieurs fois, dissocier les bulles et les longs dialogues d’échanges, les bulles qui renvoient aux films de JLG et les élucubrations intellectuelles de l’auteur. Le chemin est beau, il mène peut être dans un mur mais le prendre est un vrai plaisir.
Synopsis: Philippe Dupuy part à la rencontre du cinéaste Jean-Luc Godard. Une rencontre improbable a priori, mais rien n’est impossible en bande dessinée ! 100 pages pour évoquer avec lui le processus de création, la singularité de toute démarche artistique, dans un dialogue ludique et didactique au pays de la bande dessinée et du cinéma. Une exploration des grandes questions qui passionnent Philippe Dupuy en tant qu’artiste : l’acte de création, faire, faire lire, le statut de l’artiste dans l’histoire de l’art.
Editeur: Futuropolis
Auteur: Philippe Dupuy
Nombre de pages / Prix: 104 pages / 22 euros