La femme et le sacrifice, un livre de Anne Dufourmentelle (Denoël)
Publik’Art avait découvert Anne Dufourmentelle dans le très beau récit de Jean-Philippe Domecq, L’amie, la mort, le fils.
C’est en effet Anne Dufourmentelle qui a sauvé son fils de la noyade en juillet 2017. Il lui est ensuite apparu comme une évidence qu’il fallait qu’il écrive sur Anne Dufourmentelle. Anne Dufourmentelle à la fois philosophe et psychanalyste. Et éditrice. Et conférencière. Elle était aussi écrivain. Son livre La femme et le sacrifice vient d’être réédité. Aussi, comme une évidence.
Elle y parle, profondément, du rôle de la femme dans la société et surtout de son évolution côté sacrificiel. S’il s’agit souvent de femmes connues, même mythiques, elle parle aussi de femmes totalement inconnues. Ce qui retient surtout l’attention de l’auteur est la femme sacrifiée. Des sacrifices faits soit au nom de la morale, de la religion, soit par amour, par maternité ou par politique.
Et cela reste toujours vrai dans nos sociétés occidentales où la femme souffre encore de harcèlement sexuel, sous toutes ses formes.
Un livre fort qui ressemble à une thèse. Une écriture puissante. Admirable.
Le destin de la féminité en Occident serait-il sacrificiel?
En témoignent ces grandes héroïnes qui foisonnent dans nos mythes, nos légendes d’amour, nos religions, les textes fondateurs de notre culture, toutes plus fascinantes les unes que les autres. Elles ont pour nom Iphigénie, Hélène, Penthésilée, Médé, Iseut ou Jeanne d’Arc mais elles sont aussi des sœurs, des voisines, des exilées, des femmes croisées tous les jours dans la rue, prises à leur insu dans des vies manquées, blanches…
De quel sacrifice ignoré la vie de ces femmes se soutient-elle?
De quelle façon ces figures mythiques circulent-elles dans notre inconscient?
Dans un essai de mythologie quotidienne, Anne Dufourmantelle interroge et retourne les destins spectaculaires de ces héroïnes en les confrontant à ceux, anonymes, parfois tragiques, de ces proches inconnues. D’une écriture subtile, elle approche la secrète texture de nos névroses et déploie la dramaturgie, aussi énigmatique que salvatrice, d’une véritable érotique du sacrifice au féminin.