Prison montre le destin de quelques détenus soumis à la loi du milieu carcéral. Pas de bienveillance, chacun pour soi et tant pis pour les malchanceux. Règlements de compte, maladies non soignées, vendetta entre les murs, tout y passe et rien n’est fait pour protéger ceux qui finissent au trou. A 3 par cellules, il faut bien tomber, surtout que le personnel pénitentiaire est limité, sous peine de vite tomber. Les tribunaux n’ont que faire des profils fragiles ou des pathologies psychiatriques non soignées. La prison est pour eux une peine comme une autre, alors que certains détenus ne sont vraiment pas comme les autres. La BD donne froid dans le dos et les dessins de Sylvain Dorange et Anne Royant mélangent traits de crayon et images photographiées. Ce qui souligne d’autant plus le récit de Fabrice Rinaudo. La postface de La Ligue des Droits de l’Homme tire la sonnette d’alarme, le milieu carcéral condamne les détenus à la descente aux enfers et les dommages collatéraux peuvent de répercuter sur le société toute entière si rien n’est fait.
Synopsis:
Bienvenue en prison. Ici, le sable du temps s’écoule plus lentement qu’à l’extérieur. Les grains doivent être plus gros.
Guy partage sa cellule avec Vic, un héroïnomane, et Hassan, un SDF cambrioleur de bas étage à la santé précaire. Cela fait quelques jours que ce dernier se tord de douleurs dans son lit. Malgré ses demandes de soins répétées, l’administration pénitentiaire fait preuve d’une indifférence coupable. Malheureusement, la situation d’Hassan n’est pas une exception.
Derrière les portes d’acier vit aussi Toufik, un détenu psychotique oppressé par cet environnement pathogène, et Audrey, une surveillante tombée tristement amoureuse d’un détenu. Les quatre contes cruels de Prison dressent le portrait d’un écosystème opaque et inhumain, où privation de liberté rime avec violence, privation de soin, de silence, de vie sexuelle et d’amour.
Avec, au final, un constat sans appel : la détention ne réinsère pas. Elle sanctionne, elle brime, elle humilie, elle favorise le suicide et la récidive. La prison, cette Ogresse, ne protège personne. Elle les déshumanise.
Entre documentaire et roman noir, Prison brosse un portrait au vitriol d’un univers carcéral au-delà de tout cliché.
Postface de la Ligue des droits de l’Homme.
Editeur: La Boite à Bulles
Auteurs: Fabrice Rinaudo, Sylvain Dorange, Anne Royant
Nombre de pages / Prix: 18 euros / 80 pages
Merci pour cet article très enthousiasmant malgré la dureté du propos…
Cependant il n’y a aucune image photographiée dans cet album. Tous les décors sont à la mine carbone et les personnages à la palette graphique. La couleur et les ambiances sont réalisés sur ordinateur.