La vérité sort de la bouche du cheval, notre coup de cœur (Gallimard)
Meryem Alaoui est née au Maroc, à Casablanca. Elle nous offre son premier roman : La vérité sort de la bouche du cheval qui est notre vrai coup de cœur. Un livre écrit en français, très marocanisé !
C’est l’histoire de Jmiaa
Jmiaa est prostituée à Casablanca et nous livre son carnet intime, avec son parler franc : « J’ai 34 ans et je me sers de ce que j’ai ». Ce roman est écrit à la première personne. Elle nous raconte sa vie difficile au quotidien, à Casablanca. Jmiaa n’a pas choisi la prostitution. C’est son mari qui a « donné » sa femme à ses amis… Son propre mari ! Mais Jmiaa n’a pas le temps de se plaindre. Elle doit survivre, trouver de l’argent, savoir combien de clients elle doit avoir dans la journée. Jmiaa relate son quotidien, et celui de ses « collègues ». Un quotidien dur mais qui nous fait aussi sourire. Car Jmiaa n’est pas du style à se plaindre, elle est entièrement méditerranéenne, à la vitalité débordante et « à l’esprit vif » ! Jamais dans l’apitoiement…
La place des hommes
Dans le roman, La vérité sort de la bouche du cheval, les hommes n’ont pas vraiment la place des héros. Et pourtant au Maroc, même si la situation des femmes a bien évolué, les hommes restent les chefs. Et cette nouvelle génération d’hommes au Maroc vit entretenue par leurs femmes, sans aucune gêne. Les femmes assument tout pendant que l’homme va au café… Cela n’empêche pas Jmiaa de penser que les hommes sont des brutes sans intelligence.
La place de la sexualité au Maroc
Pour Meryem Alaoui, son roman n’a pas de message à transmettre, contrairement à celui de Leila Slimani, Sexe et mensonges.
Ces femmes prostituées sont décomplexées, leur corps est caché par la djellaba. Leur langue est très crue, et particulière, une langue dialectale marocaine, un peu étrange, mais sans filtre. C’est du français qui se mélange à de l’arabe. Avec un glossaire à la fin du livre.
C’est Jmiaa qui parle, pas l’auteur. Le Maroc populaire avec son alcool, sa drogue, son sexe…
C’est un langage parlé avec beaucoup de mots grossiers. Mais c’est une prostituée qui parle, on ne doit jamais l’oublier. Pas Meryem Alaoui !
Et c’est un livre qui a reçu plusieurs nominations dont celles du Goncourt 2018, ainsi que celles du Goncourt des lycéens, et le choix du Goncourt de la Pologne, de la Roumanie, de la Suisse, de la Belgique ! Et c’est le coup de cœur de Publik’Art !
Meryem Alaoui nous offre une peinture haute en couleur de la vie quotidienne dans un Maroc populaire où chacun fait face aux difficultés à force de vitalité et de débrouillardise.