La vie parfaite, notre gros coup de cœur (Liana Lévi)
Si Silvia Avallone est un auteur italien, son roman s’adresse à toutes les femmes du monde. La vie parfaite, des portraits poignants de femmes, écrit par une femme. Silvia est toute jeune (34 ans) et déjà d’une très grande maturité. Dès son premier livre, D’acier, elle remporte un succès incroyable. Cette fois-ci, elle reste toujours dans son registre avec La vie parfaite, où elle s’attache plus particulièrement à deux portraits de jeunes femmes, de milieux sociaux totalement différents.
Adèle, 17 ans, enceinte
Adèle est une jeune fille, amoureuse de Manu. Elle habite dans la banlieue pauvre de Bologne. Elle vit seule, modestement, voire très pauvrement, avec sa mère et sa jeune sœur. Très vite, elle se rend compte qu’elle est enceinte. Elle aime Manu. Elle veut le garder son enfant. Mais Manu s’enfuit. Incapable d’assumer ses responsabilités. Un faible, Manu. D’ailleurs tout dans sa vie prouve que c’est un loser. Mais un loser qui gagne beaucoup d’argent, quasiment du jour au lendemain. Argent facile.
Dans la vie lycéenne d’Adèle ; il y aussi Zeno. Aussi et surtout. C’est son voisin et c’est aussi le meilleur ami de Manu. Elle ne le connaît pas mais lui, oui. Cela fait des mois, des années, qu’il l’espionne par la fenêtre. Zeno est brillant au lycée. Mais sombre. Sa vie est triste, terriblement triste. Il a son secret.
Adèle, tout au long du livre, se pose des questions. Elle ne sait pas ce qu’elle doit faire. Quelle décision prendre et jusqu’à la fin du livre, elle nous tient en haleine. C’est terriblement stressant de la voir évoluer, seule, avec son « colocataire », au fil des jours, des semaines de grossesse.
Dora, 30 ans, mariée, sans enfant
Dora est mariée à Fabio. Dora n’est pas comme tout le monde. Elle est née avec une infirmité. Ils vivent dans un tout autre monde qu’Angèle. Ils ont un chouette appartement, dans un quartier chic de Bologne. Aucun problème matériel. Ils s’aiment. Leur gros problème est le suivant : Dora n’arrive pas à être enceinte. Elle a fait plusieurs FIV, mais sans résultat. Sa vie devient un enfer. Donc, celle de Fabio aussi. Jusqu’au jour où ils prennent la décision d’adopter. Pas facile à prendre cette décision. Fabio se sent mal, de plus en plus mal. Sera-t-il capable d’adopter un enfant de 8 ans, malade ou informe peut-être ou séropositif ? Dora veut être mère, c’est le sens de sa vie. Peu importe comment il sera, elle le veut.
Angèle et Dora
Ces jeunes femmes n’ont apparemment aucun point commun. Tout les sépare. L’auteur nous dévoile les secrets intimes de chacune ainsi que de leur entourage très proche, leurs forces et leurs faiblesses. Le centre de leur vie : la maternité, présente ou absente. Mais même absente, elle est tellement envahissante dans la vie de Dora, qu’elle lui pourrit la vie. De la même façon qu’Angèle se sent obsédée par sa maternité. Ca l’empêche de vivre.
Silvia Avallone aborde de deux façons différentes la maternité. Deux points de vue qui font mal. Qui font souffrir. Dans les entrailles. Et chaque femme rêve d’une vie parfaite. Elles vivent un présent dur, imparfait, inhumain et espèrent un futur meilleur, une vie parfaite.
Maternité et paternité
Publik’Art a été sous le charme de l’écriture de Silvia Avallone. Une écriture tranchante, vraie, sans détour. Le fait d’aborder ainsi la maternité sous deux angles opposés le rend encore plus proche de nous. La paternité n’a pas le bon rôle. Père absent, en prison, ou en cavale. Ou pas de père du tout. Heureusement Fabio relève le défi en acceptant d’être un père adoptif même s’il doute de ses capacités. Jusqu’à la fin, on ne sait pas ce que la vie va réserver à nos jeunes héros. A travers leur vie quotidienne qui est vraiment difficile, on s’attache à Angèle, et à Dora. Et à ceux qui gravitent autour d’elles. La vie parfaite est un livre qui se lit d’une traite, le souffle court. Une écriture poignante qui va nous marquer longtemps. Un vrai coup de cœur pour Publik’Art !
Avec un souffle prodigieux et une écriture incandescente, Silvia Avallone compose un roman poignant sur la maternité et la jeunesse italienne écartelée entre précarité et espoir.
Date de parution : le 5 avril 2018
Auteur : Silvia Avallone
Editeur : Liana Levi
Prix : 22 € (400 pages)
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