Le Lucernaire sait y faire pour respecter le texte de Molière tout en le rendant des plus actuels. C’est avec la troupe issue de l’école d’art dramatique du Lucernaire que l’intrigue bien connue de Jean-Baptiste Poquelin est mise en scène avec fougue et dynamisme par les biens connus Florence Le Corre et Philippe Person. Le résultat est éblouissant de dynamisme, l’énergie déployée sur scène force le respect.
Molière aurait adoré cette adaptation
Effets visuels, musique rock, comique de répétition (les « sans dot » et « ma belle » resteront longtemps gravés dans l’esprit des spectateurs) et prouesse des comédiens/comédiennes donnent une dimension vertigineuse à un texte du XVIIe siècle qui revit littéralement. La critique des classes dominantes est rendue très féroce sur la scène du Théâtre Noir du Lucernaire. Le magot est conservé dans une cassette rouge et le bien connu Harpagon est bien disposé à ne pas le partager. Plus de circulation de l’argent ni de ruissellement, l’argent devient une obsession, presque une maladie et personne ne peut en recevoir la moindre piécette. Le père tout puissant dirige sa maisonnée d’une main de fer et décide sans vergogne des unions de ses progénitures. Le système patriarcal devient une tyrannie dirigée par un monarque fou et avare. Mais ses enfants sont bien décidés à ne pas se laisser faire et ils refusent de se soumettre. Les enfants s’allient au personnel domestique pour fomenter un putsch et refuser un destin malheureux à force de manigances et de subterfuges. Le rythme de la pièce est fou, le dynamisme omniprésent. Tous les comédiens et comédiennes sont au diapason de la mise en scène maligne et comique. Tous rentrent et sortent de scène comme d’un moulin et leur duplicité est soulignée par leurs apparition via l’embrasure d’une porte qui créée une connivence avec le public dans le dos d’Harpagon. Le texte est respecté à la lettre alors que toute la troupe s’en donne à coeur joie pour faire exulter la prose de Molière. Le décor très moderne tranche avec l’époque de la pièce, pas de classicisme et beaucoup de clins d’oeil concourent au succès de la pièce auprès d’un public enthousiasmé.
Les jeunes comédiens et comédiennes donnent le meilleur d’eux-mêmes et sont promis à de belles carrières s’ils continuent sur cette lancée.
Synopsis: L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR
Harpagon est riche, veuf, père mais surtout malade d’avarice. Cette obsession le conduit à faire vivre un enfer à son entourage. Grâce à ses économies et à son activité d’usurier, il s’est constitué un trésor qu’il a caché au fond du jardin. La présence de ce trésor finit de le rendre fou : si quelqu’un trouvait la cassette et la dérobait ? Sa maladie le conduit même à vouloir faire marier sa fille sans dot et à chercher pour lui-même une union avantageuse financièrement. Pas de chance : son fils Cléante a des vues sur la même jeune femme, Marianne. Heureusement les ruses des uns, les intrigues des autres, permettront un happy end inespéré.
De l’argent, du pouvoir, de l’amour… Trop d’intrigues !
Détails:
Jusqu’au 3 novembre 2024
Mardi > Samedi 18h30 | Dimanche 15h