Le mal n’existe pas est l’œuvre de Ryusuke Hamaguchi, réalisateur de Drive My Car primé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger. Le cinéaste japonais est de retour avec une fable écologique napée de mystère et de surnaturel. Le film a reçu le lion d’argent, Grand Prix du jury de la dernière Mostra de Venise. Grandement contemplatif, le film laisse planer également un doute sur la réalité de certains évènements et de certains personnages, le rendant d’autant plus fascinant malgré quelques belles lenteurs.
Un film à déguster… si vous avez le temps
Le film débute dans un petit village non loin de Tokyo, au cœur des forêts avec des cerfs et une eau connue pour sa grande pureté. Peu d’habitants et peu d’activité, le garde forestier du coin, Takumi, semble vivre avec sa fille Hana en parfaite harmonie avec la nature. Mais un projet de camping glamour (glamping donc) menace l’équilibre des choses, ce que la première réunion entre les promoteurs du projet et les habitants démontre rapidement et aisément. Gestion des eaux usées, menace des feux de forêt, pollution de l’eau potable, les habitants soulèvent des points qui n’ont pas du tout été pris en compte par la société de promotion du projet. Commencent alors les tentatives d’amadouer Takumi en lui proposant de devenir gardien du camp de glamping, voire conseiller. Mais Takumi est méfiant malgré l’apparente bonne foi de Takahashi, agent de communication de glamping qui joue son avenir professionnel dans le projet. La pressante empathie de l’agent ne gêne apparemment pas Takumi, il lui laisse emprunter la hache qu’il utilise pour couper du bois, ils taillent le bout de gras, l’amitié n’est pas à l’horizon mais au moins un respect mutuel. Ce que la fin du film dramatique nie avec force. Impossible de relater le dénouement final, tout juste peut-on souligner qu’il tient presque au surnaturel car Takumi croit voir sa fille près de cerfs… alors que l’existence réelle de Hana prête elle-même à confusion. Les paysages sont magnifiques, le temps s’écoule lentement dans ce petit coin de terre oublié des citadins.
Le film ferait presque penser à un survival movie des gens de la campagne contre les citadins désireux de coloniser de nouvelles contrées à tout prix, au mépris des équilibres séculaires en jeu. Le David de la campagne contre le Goliath urbain, une belle parabole qui empreint tout le film et laisse deviner le dénouement final, malencontreux, mais finalement prévisible.
Synopsis: Takumi et sa fille Hana vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs aînés avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. Le projet de construction d’un « camping glamour » dans le parc naturel voisin, offrant aux citadins une échappatoire tout confort vers la nature, va mettre en danger l’équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois…
Merveilleux moment de cinéma !je le recommande vivement. La fin est une métaphore, une comparaison, une appréhension, qui traverse l’esprit de Takumi. Émouvant !
Merci Emmanuelle pour tes remarques emplies d’intelligence !